Idée de prendre l'air (PV:Sybie et carlou)

Alec ne dit rien pendant un moment. Tant mieux. Je garde le silence moi aussi. Je sens la main d'Alec me serrer et je serre la sienne aussi comme pour lui dire que je suis avec lui. Je place ma tête contre son épaule et attends que quelqu'un coupe le silence, car ce n'est certainement pas moi qui le ferait.

Il serre fort ma main une seconde fois et je lève ma tête pour le regarder. Il pleure...Je ne l'ai pas entendu...Je ne l'ai pas entendu car il ne fait aucun bruit. Mais, il pleure.

"Non, il n'est pas vraiment mort..."

Sa voix est presque là pour m'achever...Douloureuse...Ça voix est douloureuse et sa me brise le coeur et les oreilles. Mes yeux s'embrûment.

Je passe mes doigts sur le visage d'Alec pour essuyer ses larmes et pose un baiser sur sa joue.

Je vois Sybille prendre la main libre d'Alec. Ses yeux sont toujours envahis de larmes...Pourquoi en serait-il autrement d'ailleurs? Je regarde son ventre à nouveau...

Qu'est-ce qu'il va se passer maintenant...? Dis-je en parlant de l'enfant qu'elle portait...Elle ne peut pas l'avoir en prison, non?

Je n'y ai pas pensé jusqu'à maintenant...Alec, il y avait pensé lui? J'ignore encore totalement à quoi il pense.

Elle prend ma main et je m'en saisit aussi. Nous sommes unis dans la souffrance de cette perte... Les mots de Gleb me ramenent à la réalité. Maintenant ? Quel était le message de Ludwig ? Je ne peux pas dire que c'est sa volonté, mais c'est celle de mon inconscient, ma voix n'est qu'un calme et doux chuchottement, néanmoins parfaitement audible:

"Maintenant nous devons nous tourner vers l'avenir. L'avenir à Sadismus, c'est assez ironique... Néanmoins, mon avenir, Gleb, c'est toi."

Je le regarde, plongeant mon regard devenu ferme sur lui:

"Qui t'a fait ça, Gleb ? Un prisonnier ou un gardien ? A quoi il ressemble ? Que t'a-t-il fait d'autre ?" Ma question m'arrache un frisson. A-t-il été violé en mon absence ? Je reprends dans un murmure: "Et, je t'en prie, ne me ments pas."

Je marque une pause, attendant une réponse peut être... Puis, serrant doucement la main de Sybille, mais sans pour autant perdre le contact visuel avec Gleb, je continue:

"L'avenir de Sybille, c'est son enfant. L'enfant de Ludwig, aussi, mais le sien avant tout. Si elle le peut et qu'elle le veut bien, elle nous laissera partager avec elle le bohneur de cette nouvelle vie... Mais nous ne pouvons rien lui imposer. Par contre... par contre, si tu as besoin de quoi que ce soit, Sybille, n'hésite jamais à me le demander. Jamais."

Je n'ose pas lui demander ce qu'elle compte faire... J'ai bien peur que son enfant lui soit enlevé dès sa naissance... Peut-etre est-ce pour ça qu'elle veut le cacher...

A la question de l'amant d'Alec, je me crispe, reserrant légèrement ma prise sur la main de ce dernier, plus ou moins consciement. Et maintenant... Maintenant... Bonne question. Que va-t-il advenir de nous ? De lui, de lui, de moi... et de lui aussi... ou elle... A cette pensée, ma main libre se pose sur mon ventre, tandis que, muette, j'écoute la discussion entre les deux hommes. Un sourire amer s'affiche sur mes lèvres à la phrase d'Alec. L'avenir à Sadismus... Effectivement, c'est assez cynique. Mis à part passer le restant de nos jours enfermés, cloîtrés derrière des barreaux, qu'avons-nous donc d'autre à faire ?

Un seul regard sur mon ventre me suffit. J'ai une responsabilité. Un enfant à faire vivre, à élever, à éduquer... Même si je doute fort que ces deux dernières tâches me seront confiées. La seule chose que je puisse faire, c'est lui offrir un avenir meilleur et sûr, à savoir, loin de tout ça, loin, très loin... Même si cela me brise le coeur.

Le fait de sentir la main d'Alec serrer la mienne me fait légèrement sursauter, et, posant mes yeux émeraude sur lui, j'écoute attentivement ses paroles, le coeur gros, essayant de retenir mes larmes. Je suis à la fois touchée par ce qu'il me dit, et en même temps désespérée à l'idée de ne jamais connaître cet enfant. Qu'y-a-t-il de plus cruel que d'enlever un bébé des bras de sa mère ? Seule la pensée qu'il sera mieux là-bas me donne encore la force de continuer. C'est pour lui que je le fais... Et pour Ludwig...

- Merci Alec...

Ma voix est faible, hésitante, légèrement serrée par l'émotion. Je n'ose pas continuer. Dois-je lui exprimer mes doutes, ou non ?

- Mais je doute fort pouvoir connaître longtemps cet enfant... Poursuivis-je finalement, la voix brisée. J'ai réussi à obtenir de l'aide du côté de quelques membres du personnel, mais rien de plus, et je ne crois pas qu'ils peuvent grand-chose pour moi...

Pour sûr... Une psychologue et un gardien qui est ici uniquement pour tenter de se racheter, et qui risque de virer du même côté des barreaux que nous à la moindre incartade... J'ai toujours eu de la chance.

"Maintenant nous devons nous tourner vers l'avenir. L'avenir à Sadismus, c'est assez ironique... Néanmoins, mon avenir, Gleb, c'est toi."

''L'avenir à Sadismus''...Ces mots restent dans mon esprit quelques instants...Ça, ce n'est même pas ce que l'on pourrait appeler un avenir et pourtant c'est le nôtre, à moi, à Alec, à Sybille...Je pourrais dire que ses derniers mots m'ont consolé...Mais, c'est plus ou moins le cas. Il me regarde.

"Qui t'a fait ça, Gleb ? Un prisonnier ou un gardien ? A quoi il ressemble ? Que t'a-t-il fait d'autre ?"

Il me regarde dans les yeux mais, à ses questions, je ne trouve rien de mieux à faire que de baisser les yeux. Je suis incapable de soutenir son regard.

"Et, je t'en prie, ne me ments pas."

Je ne sais pas mentir et il le sait. Si je mens, il va s'en rendre compte...Alors que faire? Lui dire? Alec attend une réponse mais je ne trouve rien à dire. Je me tais faute de mentir. Je lève les yeux, il me regarde encore mais il brise le silence ce qui me permet de repousser ses questions à plus tard.

"L'avenir de Sybille, c'est son enfant. L'enfant de Ludwig, aussi, mais le sien avant tout. Si elle le peut et qu'elle le veut bien, elle nous laissera partager avec elle le bohneur de cette nouvelle vie... Mais nous ne pouvons rien lui imposer. Par contre... par contre, si tu as besoin de quoi que ce soit, Sybille, n'hésite jamais à me le demander. Jamais."

Sybille remercie Alec et celui-ci me regarde toujours. J'essaie de faire la même chose et de le regarder dans les yeux. J'essaie.

- Mais je doute fort pouvoir connaître longtemps cet enfant... J'ai réussi à obtenir de l'aide du côté de quelques membres du personnel, mais rien de plus, et je ne crois pas qu'ils peuvent grand-chose pour moi

On ne peut rien faire pour elle...Pour son enfant...Comment aurait-elle pu le gardé? Non seulement ils ne la laisseront pas mais qu'est-ce qu'elle ferait avec un enfant dans une prison? J'attends...Je me serre contre Alec, m'agripant presque à lui.

Gleb fuit mon regard. Il ne me répond pas. Mais que me cache-t-il donc ? A-t-il peur de moi ? C'est-il fait violer ? Mon corps est parcouru d'un frisson. Mon esprit est obnubilé par ces questions alors que je parle à Sybille et qu'elle me répond. Il me regarde à nouveau puis vient se blotir contre moi... tenterait-il de m'amadouer pour que je ne lui pose pas ces questions à nouveau ? C'est peine perdue, Gleb, plus tu te tais, plus je veux savoir. Je serre mon amant dans mes bras et me tourne vers Sybille. Une chose à la fois.

"Sybille. Certes, ils vont certainement t'enlever cet enfant, mais personne ne pourra te l'enlever définitivement. Tu restes sa mère et tu l'aimes. Il le saura, jamais il ne devra douter de l'amour que tu lui portes. C'est un enfant désiré, ce n'est pas une erreur ! Même s'il est loin de toi, tu l'aimeras. Et moi aussi, certainement. Alors cesse de pleurer, cesse d'avoir l'air si triste. Prends soin de toi et de lui tant qu'il est encore avec toi. Si tu pleures il le saura, si tu l'aimes il le sauras. Veux tu qu'il garde comme seul souvenir une mère abatue ? Tu n'as vraiment pas l'air bien, là, Sybille. Si tu es affaiblie, c'est lui que tu affaiblis. Il va affronter un monde difficile, tu sais. Il sera placé, sa mère sera en prison, personne ne voudra croire que son père était un gardien ni même un noble... Non, il sera un enfant de détenus... de meurtriers... Donne lui de la force Sybille, de l'amour... Et laisse-nous t'aider et te soutenir jusqu'au bout... Jusqu'à la naissance et après."

Je me tais. Je n'ai rien d'autre à lui dire. Je libère ma main de son étreinte et passe mon bras dans son cou pour venir poser mes lèvres sur les siennes. Je murmure:

"Je l'aimais au moins autant que toi, Sybille. Désormais, je ne suis pas ton ennemi ou ton rival, je suis ton allié... Si tu le veux bien..."

Je m'éloigne doucement et plonge mon regard dans le sien un moment. Je lui souris tendrement. Puis je me tourne vers Gleb, l'ignorant presque totalement. Je lui ai dit ce que j'avais à lui dire. Maintenant je dois règler un autre problème. Je passe ma main dans les cheveux de Gleb et soulève son visage pour qu'il me fasse face. Je le regarde intensément avant de ne dire qu'un seul mot:

"Gleb ?"

C'est à lui de parler maintenant...

L'amant d'Alec - qui se prénomne Gleb apparament - reste silencieux à ses questions. Il reste d'ailleurs silencieux pendant tout le reste de l'échange. Je me demande à quoi il pense. Se sent-il trahi par Alec ? Est-il triste ? Ou simplement pensif ? La voix d'Alec me ramène à la réalité, et, prise de court, je pose à nouveau mon regard émeraude sur lui, muette. Et je sens mon coeur se serrer, au fil de son discour. A nouveau, les larmes coulent sur mes joues, tandis que je l'écoute, livide. Ce qu'il me dit me révolte et me fait réfléchir à la fois. Je sais qu'il a raison.

D'un geste de la main, j'essuye mes larmes, qui sont remplacées par d'autres. Qu'à cela ne tienne, je sais qu'il a raison. Pleurer ne servira à rien, si ce n'est qu'évacuer tout mon chagrin, ma peine, mes tensions. Je me sens d'ailleurs mieux. Esquissant un faible sourire, je hoche doucement la tête à ses paroles, comme pour approuver, avant de fermer les yeux, inspirant profondément. Et je rouvre les yeux en le sentant qui passe son bras autour de mon cou. Et je sursaute en le sentant poser ses lèvres sur les miennes. Alors ça je ne m'y attendais pas, mais alors pas du tout. Surprise par ce geste, surtout de sa part, je reste immobile, les yeux grands ouverts, le souffle coupé. Je dois vraiment avoir l'air stupide. Mais je ne m'y attendais vraiment pas.

Lorsqu'il se détache de moi, j'inspire profondément, avant d'essuyer à nouveau mes larmes. Pourquoi a-t-il fait ça ? A ses paroles, je baisse les yeux, me mordant la lèvre.

- Je ne suis pas une meurtrière...

C'est tout ce que j'ai à lui dire. Je suis une détenue, certes, mais pas une meurtrière. Il se détourne de moi, et je fais pareil, appuyant ma tête contre le tronc de l'arbre. Doucement, inconsciemment d'ailleurs, ma main glisse sur mon ventre, en caressant tendrement la peau tendue. Toi... J'ignore ce qu'il va advenir de nous, de moi, de toi... Mais ce qui est sûr c'est que... que je t'aime...

Il me serre et je me sens mieux. Je reste blottis dans ses bras tandis qu'il parle à la femme. J'écoute attentivement le discour d'Alec comme Sybille semble le faire elle-même. Normal, puisque ces paroles lui sont destinés.

Alec a raison...Est-ce pour ça qu'elle pleure? Elle essaie d'arrêter ses larmes...J'ai l'impression que chaques paroles de mon amour la brise...Pourtant, il veut l'aider...C'est ce qu'il a dit. Et encore pourtant...Pourtant...Je crois qu'elle suivra ses conseils...Elle ne peut rien faire de plus. Alec non plus je crois et moi j'ai l'impression que je ne peux tout simplement rien faire. C'est pour ça que je reste dans un silence total sans me mêler de rien...Comment Sybille va-t-elle réagir maintenant?

Alec se tait...Et l'embrasse...Je suis au moins aussi surpris que peu l'être Sybille...Je ne sais pas quoi en penser et elle non plus aparament.

"Je l'aimais au moins autant que toi, Sybille. Désormais, je ne suis pas ton ennemi ou ton rival, je suis ton allié... Si tu le veux bien..."

Il veut l'aider, ça je l'ai déjà compris...Et elle?

- Je ne suis pas une meurtrière...

Je ne comprends pas pourquoi elle dit ça, pourquoi ces paroles? Où veut-elle en venir? Je ne lui pose pas la question, peut-être est-elle seulement un peu perdu? Moi je le serais...Quoi que...Je le suis un peu non? Pas tant que ça...Finalement. Je comprends ce qui ce passe malheureusement. J'ai eu le temps de tout comprendre pendant l'absence d'Alec.

"Gleb ?"

Je regarde Alec...Je sais ce qu'il veut dire...Il n'a pas oublié ses questions...Il veut savoir...Mais moi je n'ai aucune envie d'en parler...Il est là et rien d'autre n'est important...

Un gardien...Dis-je pour répondre à sa première question...Je ne sais pas son nom...Ou je ne m'en rappelle pas...

Je marque une pause...

Ce n'est pas important Alec...C'est du passé...C'est pas grave...Persistais-je à lui dire...Esperant sans trop d'espoir à le faire taire...Ses questions me font du mal...Je ne veux pas les entendre...Je reste blottis contre lui.

Un gardien. C'est la seule information qu'il accepte de me donner... Il ne se souvient plus de son nom... Est-ce donc possible d'oublier le nom de son tortionnaire ? Il se blotit à nouveau contre moi mais je ne peux pas accepter cette absence de réponse. Un gardien à fait du mal à Gleb, à mon trésor... Il le paiera ! Je prends alors conscience que je n'ai vu qu'une blessure au visage, mais vu comme elle est profonde, Gleb devait être attaché ou dans l'incapacité de s'éloigner de la lame... Ce qui veut dire que je ne vois certainement que la partie immergée de l'iceberg. Je pose mes doigts sur le premier bouton de sa chemise et murmure:

"Pourquoi me le cacher, je le saurais tôt ou tard..."

J'ouvre le vêtement lentement... Trop vite pour lui certainement, mais cela prend un temps infini à mes yeux... Puis j'en écart les pans et laisse échaper un cri de surprise alors que mes yeux s'écarquillent d'horreur.

"Seigneur ! Gleb..."

Il est couvert de cicatrices et de brulures. Les larmes me montent aux yeux et je peine à les retenir. Je pose ma main sur sa joue blessée et le serre contre moi. Je reste comme figé, le regard dans le vide. Je suis blessé de n'avoir pas été là pour mon amour. Je ferme les yeux un instant puis je dis doucement:

"Un gardien qui aime le feu... Gleb, t'a-t-il... t'a-t-il fait autre chose... quelque chose qui ne laisse aucune cicatrice visible... t'a-t-il..."

Violé. Je n'arrive pas à prononcer ce mot, c'est trop difficile, trop douloureux. Je le serre contre moi au comble du déséspoir. Puis je demande d'une voix vide de toute émotion:

"Qui est-ce, Gleb ? Il y a certainement un moyen de le reconnaitre, non ? Comment sont ses cheveux ? A-t-il une cicatrice, un tatouage... Je ne sais pas moi... Ils ont tous quelque chose qui permet de les reconnaitre..."

Silence. Allait-il se taire? Non, bien sûre que non...Alec veut savoir, il veut toujours tout savoir...Il refuse de me laisser tranquille. Je ne peux pas le faire taire...Je ne peux pas...Tant que je ne lui dis ps tout, il ne me laissera pas tranquille...Mais, je n'ai pas envie d'en parler...Je ne veux pas penser à ça...Pourquoi me force-t-il alors?

"Pourquoi me le cacher, je le saurais tôt ou tard..."

Je le sais...Je le sais même trop bien...Je ne fais que retarder de quelques secondes le moment inévitable. Quelques secondes, ça ne change rien dans une vie...Mais, je ne trouve rien de meiux à faire...Retarder le plus que je peux.

Il...Il commence à déboutonner ma chemise...Je ne veux pas. Il fallait qu'il le fasse...Mais, moi je ne veux pas...Mon coeur se serre...

Non, Alec...S'il te plaît...Non...Dis-je douloureusement. Je ne veux pas...

"Seigneur ! Gleb..."

Il a finit de défaire ma chemise...Il regarde, il voit...Mes cicatrices...Ces brûlures...Je ferme les yeux...Je ne veux pas le regarder et je ne veux pas qu'il me parle...Pas de ça...Je ne veux pas qu'il souffre...Je ne veux pas qu'il s'occupe de ça...Je ne veux pas...Tout simplement. Je ne veux pas. Il caresse ma joue et me serre dans ses bras...Je me blottis fortement...Me cachant presque dans ses bras...Retenant ma tristesse.

"Un gardien qui aime le feu... Gleb, t'a-t-il... t'a-t-il fait autre chose... quelque chose qui ne laisse aucune cicatrice visible... t'a-t-il..."

Non...Murmurais-je...

Je veux continuer à lui dire que ce n'est rien, que c'est pas grave, que ça va aller...Mais, aucun de ces mots viennent s'ajouter à mon murmure...

"Qui est-ce, Gleb ? Il y a certainement un moyen de le reconnaitre, non ? Comment sont ses cheveux ? A-t-il une cicatrice, un tatouage... Je ne sais pas moi... Ils ont tous quelque chose qui permet de les reconnaitre..."

Pourquoi le reconnaître Alec? C'est fini maintenant...C'est fini...Fini...

J'ai les larmes aux yeux...Il ne va se mêler de ça? Il ne peut pas...Il ne peut pas me faire ça...Mais je sais qu'il ne laissera pas ses questions sans réponse...Je visualise le gardien...Ça me brise...Tout les détails passent en accéléré dans mon esprit...Ses cheveux...Ses yeux...Ses vêtements...Son visage...Ça me fait mal de penser à ça...Mais, Alec m'y forçait...Pourquoi me fair ça? À quoi ça lui sert? Je souhaite seulement être dans ses bras, lui parler, mais pas de ça...Je ne trouve rien à lui dire pour que ça lui satisfasse...Une caractéristique...Sa main...Sa main...

Il lui manque un doigt, je finis par dire.

Pendant tout l'échange, je reste silencieuse, me demandant simplement si Gleb va finir par répondre Alec. Il a l'air réellement terrorisé par ce qu'il a du subir, car il est vraiment réticent aux suppliques de son amant. Mais je ne le comprends que trop bien, je sais à quel point c'est dur de parler d'une chose qui nous a traumatisé...

Et quand Alec ouvre la chemise du jeune homme, dévoilant son torse couvert de cicatrices et de brûlures, je laisse échapper un cri d'horreur avant de plaquer une main sur ma bouche, effarée.

- Oh mon dieu... Murmurais-je, le coeur au bord des lèvres.

Je savais que les gardiens pouvaient se révéler sadiques et violents à leurs heures, mais à ce point... Il est vraiment dans un sale état. Je frissonne rien qu'à l'idée d'imaginer ce que ce monstre ai encore pu lui faire. Mais quelle horreur...

Alors quand Alec lui demande de le lui décrire, d'essayer de lui donner une caractéristique, un signe distinctif, je fronce les sourcils, attentive. Autant tirer profit de la leçon, et éviter ce fameux gardien. Et pourtant, une phrase me trotte dans la tête, me rongeant petit à petit, insinuant le doute dans mon esprit.

Un gardien qui aime le feu...

Je ferme les yeux. A travers mes paupières closes, c'est le souvenir d'une nuit, d'une scène, un brasier à la bibliothèque, une silhouette à travers les flammes... Tobias...

Je secoue la tête, rouvrant les yeux. Il serait tout simplement incapable de faire ça, c'est impossible. Lui qui a été si gentil avec moi, qui m'a aidée, qui a promis de m'aider, de veiller sur mon enfant... Il n'a pas pu faire ça, c'est impossible.

Mais aux paroles de Gleb, je me fige. Horrifiée, je plaque à nouveau ma main sur ma bouche, prise d'un violent frisson. Il ne peut pas avoir dit ça, c'est impossible... Et pourtant, les choses correspondent trop. Je ne connais aucun gardien auxquels il manque un doigt, excepté lui. Non...

Les marques qui couvrent le corps de Gleb me font aussi mal que si elles étaient sur mon propre corps... Et je crois que j'en souffrirais à chaque fois que je les verrais... Mais je préfère largement les découvrir maintenant que dans un moment sensuel et romantique - enfin, si on peut parler de romantisme dans une prison. Il se sert contre moi avec tellement de force. J'ai conscience de raviver ses blessures et ses souvenirs, mais je dois savoir, je veux savoir... Je sens une telle haine bouillir en moi que j'ai du mal à la cacher... Vais-je remplacer ma peine suite à la mort de Ludwig par une haine féroce envers celui qui a blessé Gleb ?

Mon amant m'assure qu'il ne lui a rien fait d'autre. Je sens comme un poids qui se retire de mes épaules. Je crois bien que je ne l'aurais pas supporté... Et voilà qu'il me demande pourquoi je veux savoir qui c'est... Je ne me fais pas d'illusions, je sais qu'il a compris ce que j'ai en tête. Je sais que je vais encore lui faire du mal, lui faire peur... Pourtant je ne dis rien. J'attends toujours sa réponse. Et il me la donne. Un élément parfait pour reconnaître cet homme... Ce monstre... Oui, un élément parfait... Je le sers encore plus si c'est possible contre moi et lui murmure des paroles rassurantes:

"C'est fini, Gleb, c'est fini mon amour, je ne t'en parlerais plus, jamais. C'est fini. Pardonne moi. Je t'aime, Gleb, je t'aime tellement... C'est fini, pardonne moi..."

Du coin de l'œil, j'ai vu quelque chose d'étrange: la réaction de Sybille. Tout en caressant doucement Gleb, en le berçant dans mes bras, je me tourne vers elle en silence. Je plonge mon regard dans le sien, sérieux, déterminé. Elle sait qui est cet homme. Et je veux qu'elle me le dise. Mon expression est dure, elle doit parler, il ne peut en être autrement. Je ne dis pas un mot. Alors que mes mains parcourent doucement le dos de mon aimé, cherchant à le calme, je la fixe.

J'attends ce qui ne saurait tarder...

Ma tête est contre son cou, mes bras le serrent. J'ai besoin de le sentir près de moi. Mes larmes se mettent à tomber d'elles-même...J'ai essayé de les retenir mais il n'y a rien à faire. J'ai l'impression que mes brûlures me rongent à nouveaux et la peau près de mes marques me déchirent à nouveau. Mon corps tremble malgré moi...Il me sert encore plus et je l'en suis reconnaissant. J'ai tellement besoin de lui malgré le mal qu'il me fait en ce moment. Par contre, sur le coup j'ai comme une sorte de spasme. Je reste contre lui tant que je peux, avec la même force qu'il y a une minute. Je ferme les yeux...

"C'est fini, Gleb, c'est fini mon amour, je ne t'en parlerais plus, jamais. C'est fini. Pardonne moi. Je t'aime, Gleb, je t'aime tellement... C'est fini, pardonne moi..."

Je te pardonne Alec...Je n'articule aucun mot, j'ai déjà trop parlé, je n'ai plus la force de parler...J'ai l'impression que mon coeur va remonter... Mais ce n'est pas encore fini...J'ai encore l'image de cet homme imprimé dans le crâne...je garde mes yeux obstinément fermés et mes bras autour de lui.

Que va-t-il faire? Je n'ai pas la force de lui demander...Je ne voudrais pas qu'il s'en mêle...Quelle importance maintenant qu'il est là? Il n'y a que lui compte pour moi...Le reste n'est pas important...Ne peut-il pas faire comme moi? Je l'espère de tout mon coeur...Ce qui c'est passé, c'est fini, il l'a dit lui-même. Alors, il ne faut pas qu'il s'en mêle. C'est fini. Je ne veux pas qu'il soit en colère...Il l'est si je ne me trompe...Il ne dit rien dans ce sens...Mais, je le sens.

Il me berce, caresse mon dos...Il essait de me calmer alors que c'est lui-même qui m'a mis dans cette état...J'ai complètement oublié Sybille...Pas Alec, Alec se tourne vers elle. Moi, je reste dans ses bras...Je ne veux pas les quitter.

Ma main se crispe sur mon ventre. Je n'arrive toujours pas à y croire. Mon regard, vide, hagard, est posé sur le sol, sans vraiment le voir. Je dois être livide. Mais je ne peux pas le croire. Pas ça... Lui qui était, du moins jusqu'à maintenant, l'une des rares personnes sensées ici pour moi... Et voilà que...

Je déglutis péniblement, jettant un regard à Alec. Il tient son amant serré contre lui, le berçant presque, ses mains posées dans le dos du jeune homme. Le rassurant avec douceur et amour. Mon coeur se serre. Dire qu'il y a quelques mois, c'était Ludwig qui me serrait comme ça, contre lui... Je ferme les yeux, ravalant un sanglot étranglé. Je peux encore sentir sa main dans mes cheveux, son souffle sur mon visage... Ou est-ce seulement le vent qui souffle doucement sur la cour ? Sûrement... Sybille, tu délires ma pauvre fille...

Tobias... Mais pourquoi, comment as-tu pu faire ça ? Pourquoi ? Pourquoi... Une larme roule sur ma joue, puis une deuxième. Je ne sais même pas ce qu'il m'arrive. Pourquoi je pleure. Cette espèce de sensation qui voue noue la gorge, l'impression d'avoir le coeur serré, broyé, cette impression de trahison... Mais arrête donc tes bétises Sybille, tu deviens complètement folle. Folle... Complètement...

D'un geste vif, j'essuye les larmes qui coulent sur mon visage. J'ignore même pourquoi je pleure. Ce n'est qu'un homme après tout... Rien q'un homme... Juste un gardien. Un gardien, un point c'est tout. Alors pourquoi est-ce que je tremble comme ça, que je me sens si mal d'un coup...?

A nouveau, mes yeux émeraude se posent sur Alec. Et je sursaute. Son regard est froid, déterminé, presque dur. Inconsciement un frisson me parcourure, tandis que je détourne les yeux, mal à l'aise. Il en viendrait presque à me faire peur. Mais je sais pertinement ce qu'il veut. Serais-je simplement capable de le lui dire ? De lui expliquer, tout ? J'ai déjà du mal à l'accepter...

Finalement, j'entoure mes genoux de mes bras, et je replie ceux-ci contre mon ventre, fermant les yeux. Je tremble. Et pourtant je n'ai pas froid. Qu'est-ce qu'il m'arrive...?

- Il s'appelle Tobias...

"Tobias"... Juste un nom... Depuis quand appelle-t-elle les gardiens pas leur prénom ? Je n'ose lui faire la remarque. Non seulement parce que je n'ai pas envie de la blesser inutilement, mais aussi parce que je ne veux plus parler de ça devant Gleb.

En fait, Sybille à vraiment l'air mal... Je la détaille un instant, elle est perdue, secouée... Quels peuvent être ses liens avec ce gardien ? Quoi qu'il en soit, elle devait ignorer qu'il était capable d'une telle chose. Je penche la tête sur le côté dans une mimique inquiète et demande d'une voix très douce:

"Sybille ? Ca va aller ?"

Gleb est toujours serré contre moi, j'ai conscience qu'il faut que nous rentrions, que nous oublions ce qu'il s'est passé pendant ces six mois... Il faut que je recommence à vivre... Il faut que j'aille manger aussi, depuis combien de jour n'ai-je rien avalé ? Vais-je être capable de me lever ?

Alors que je ne quitte pas le regard de le jeune femme, j'approche le visage de Gleb du mien et dépose un baiser dans ses cheveux. Je murmure alors:

"Je vais passer au réfectoire, mon amour, ça doit faire une semaine que je n'ai rien avalé de solide, tu viens avec moi ?"

Sybille nous cache quelque chose... quoi ?

- Il s'appelle Tobias...

Je tourne mon visage vers Sybille. Elle le connaît...Je fixe un regard étonné sur elle...Elle le connaît? Elle le connaît...Elle pleure. Elle le connaît même bien non? Elle l'apprécie? Ou lui fait peur? Non, ce n'est pas ça...Elle l'apprécie? ''Tobias'' son nom...Je pourrais maintenant collé un nom à ce visage...Mais, je ne veux pas penser à son visage, je n'ai aucune raison d'y penser.

Tobias...Murmurais-je, mon regard toujours sur elle... Tobias...

Je pose mes yeux sur Alec...Son regard me fait frissonner...Si dure, si froid...Il ne dit rien pour l'instant. Est-il en colère contre Sybille ou contre cet homme? Je cache ma tête à nouveau dans les bras de mon amour...Je ferme les yeux.

"Sybille ? Ca va aller ?"

Sa voix est-elle sincère? S'inquiète-t-il réellement pour elle? J'ai l'impression que non...Je n'aime pas la voix d'Alec en ce moment...J'ai encore son regard froid imprimé dans mon esprit. Je chasse cette image de ma tête. Je me concentre sur ses bras autour de moi.

Je sens Alec qui approche mon visage du sien et sens ses lèvres sur ma tête...Je me laisse faire. J'ouvre les yeux et les lève pour le regarder. Il regarde Sybille.

"Je vais passer au réfectoire, mon amour, ça doit faire une semaine que je n'ai rien avalé de solide, tu viens avec moi ?"

Je me rends un peu plus compte à quel point il a l'air plus faible que d'habitude...Ce n'est pas seulement dans son teint pâle...C'est dans tout son être...Je passe ma main sur son visage comme au début de cette rencontre puis lui souris.

Oui.

Je me lève doucement et prends son bras pour l'aider à se lever. Moi aussi j'avais faim...Je m'étais tellement inquiété pour Alec, je n'avais pas beaucoup mangé non plus...Probablement plus que lui par contre...

Je ne sais même pas pourquoi je l'ai fait. Pourquoi j'ai dit ça. Mais maintenant, c'est trop tard. Inspirant profondément, je tente de me calmer, de maîtriser mes tremblements, avant de tourner la tête vers les deux jeunes hommes. Gleb semble complètement secoué. Son regard, vague, hagard, son visage, livide... Il ne cesse de répéter le nom de Tobias. Mon dieu, qu'ai-je fait ? Je jette un oeil à Alec. Pour détourner la tête, tout de suite après, me mordant la lèvre. Son regard...

Je frissonne. M'en veut-il ? Je ne sais pas... Mais, ses yeux... Il a l'air si... Je ne sais comment dire cela. Il sait. Il SAIT que je lui cache quelquechose, et le ton inquiet qu'il prend pour me demander si je vais bien ne me leurre pas. Mais je ne peux pas, je ne peux pas...

- Oui, ça va aller...

Je hoche légèrement la tête, un faible sourire sur le visage, pour illustrer mes paroles. Je n'en dit pas plus. Excuse-moi Alec, mais je ne peux pas. Je ne peux rien te dire. Cela ne concerne que lui et moi. Moi et lui. C'est une affaire entre nous deux, rien de plus. Et je n'ai pas envie d'en parler. Je ne PEUX PAS en parler. C'est au-dessus de moi. Cette décision que j'ai prise, il y a deux mois... Je n'arrive toujours pas à l'accepter. Oh bien sûr, je sais que c'est la seule et meilleure chose à faire, mais... Quoique j'en doute à présent, maintenant que j'ai appris ce qui s'est passé.

Je sens un coup dans mon ventre. Douleur passagère, la peau se tend légèrement, puis s'affaise, tandis que le mal disparaît. Il a bougé... Encore une fois. Un léger sourire prend place sur mes lèvres, mais j'ai du mal à me réjouir dans un moment pareil. Doucement, je caresse mon ventre, comme si je voulais rassurer ce petit-être qui grandit en moi, en même temps que de me rassurer moi...

La voix d'Alec me tire de mes pensées. Ils s'en vont ? Manger... Bonne idée. Je n'ai rien mangé depuis ce matin, et, pourtant, je n'ai pas faim. Curieux non ? D'autant plus que je suis enceinte. D'après Carl, je devrais manger comme quatre. Mais j'hésite à les accompagner. Peut-être ont-ils envie d'être seuls, en tête-à-tête... Et je n'ai pas envie qu'Alec me pose des questions sur Tobias, sur moi, sur ce qu'il s'est passé. Non, je ne veut pas. Lentement, je ferme les yeux, appuyant ma tête contre le tronc de l'arbre. Je respire, doucement, essayant de me calmer, d'oublier... Si ils veulent de moi, ils me le diront déjà.

Il se lève et me tend la main. Je m'en saisie et me relève tant bien que mal. Un dernier coup d'oeil à Sybille m'apprend qu'elle n'a vraiment pas l'air bien. Je lui proposerais bien de venir avec nous mais je sais que je ne saurais as me retenir de la harceler de question pour savoir ce qui la le à ce Tobias...

"Tu ne devrais pas rester ici, Sybille. Tu as l'air exténuée."

Je voudrais l'aider à se lever à mon tour, mais je n'en ai pas la force. Je suis déjà appuyé plus que de raison sur Gleb... Je ne m'étais pas rendu compte que je ne tenais même plus debout, le vision de Ludwig me maintenait en vie, si elle m'avait quitté avant que je en retrouve Gleb, je serais mort... et ce n'est pas une image. Je me penche vers Sybille malgré tout. Pour l'attirer contre moi et poser mon front contre le sien:

"Prends soin de lui, et de toi aussi, ne te laisse pas mourir comme j'ai failli le faire. Tu portes la vie, l'espoir, l'avenir..."

Mes jambes fatiguent dans cette position. Je me relève... un peu trop vite apparemment, j'ai la tête qui tourne. Je me laisse literralement tomber dans les bras de Gleb. Ma vision diminue, j'ai brutalement chaud. Je ferme les yeux un instant en jurant contre moi même. Puis, lentement ça revient, j'arrive à me redresser, mes jambes me portent à nouveau, je respire plus librement. Je murmure:

"Moi aussi j'ai besoin de repos, mais surtout, il faut que je mange..."

Je commence à faire un pas vers la sorti, soutenu par un Gleb des plus inquiet pour ma santé [Je me permets de dire ça ^^] mais à peine ai-je fait trois pas que je me retourne vers Sybille, pris d'un doute:

"T'a-t-il fait du mal à toi aussi ?"

([Je me permets de dire ça ^^] avec raison XD)

Je soutiens Alec. Si je ne serais pas là pour l'aider, probablement serait-il éffondré au sol. Il me paraît vraiment plus faible maintenant qu'il est debout...J'ai l'impression que ses jambes pourraient le lâcher n'importe quand. J'ai aussi cette impression qu'une simple "chûte" au sol pourrait le briser (idée complètement ridicule). C'est pour cette raison que je le soutiens de toutes mes forces...Toutes mes forces? C'est beaucoup dire...En fait, Alec est très léger. Très léger...

"Tu ne devrais pas rester ici, Sybille. Tu as l'air exténuée."

Qu'elle ne devrait pas rester ici, c'est bien la première chose que je lui ai dit...Elle se fait trop de mal à être ici...Beaucoup trop. Elle n'a pas l'air en forme non plus d'ailleurs...Alec encore moins en fait. Il se penche vers elle... Je reste très près de mon amour, prêt à l'aider à ce relever s'il fallait et à le soutenir à nouveau...

"Prends soin de lui, et de toi aussi, ne te laisse pas mourir comme j'ai failli le faire. Tu portes la vie, l'espoir, l'avenir..."

J'écoute mais ne dit rien...Pour le moment, tout ce qui me préoccupait, c'était Alec. Il tombe dans mes bras. Je le redresse un peu et l'enlace pour ne pas qu'il tombe et parce que j'en ai envi par la même occasion. Il prend du temps à se mettre sur ses deux pieds. Je caresse ses cheveux...

Ça va...Alec? Dis-je, inquiet...Ça va aller?

Je m'inquiète terriblement pour lui...Il s'est laissé mourir...Il l'a dit lui-même... ça me fait souffrir...Il doit aller manger le plus tôt possible...Il faut qu'il se sente mieux. Et moi aussi...

"Moi aussi j'ai besoin de manger, mais surtout, il faut que je mange..."

Je hoche la tête. Il s'est redressé. Je suis pressé d'aller au réfectoir mais je ne peux pas vraiment obliger Alec à avancer plus vite dans son état actuel. Il s'arrête et moi aussi...Occupé à l'aider à se tenir debout...Sybille, je l'avais presque oublié...

"T'a-t-il fait du mal à toi aussi ?"

Je regarde Alec dans les yeux...J'étais presque frustré qu'il continue avec ses questions.

Alec...Arrête...Stp. DIs-je, peiné.

Laisse la tranquille, ce n'est pas le moment, pensais-je. Il doit manger et elle se reposer...Je sais qu'Alec ne laisserait pas ses questions...Mais, au moins, laissons ça à plus tard...

Je ne devrais pas rester ici... Il a sans doute raison. Non, pas sans doute, il a raison. Et tu le sais très bien Sybille. Bien sûr que je le sais. Alors pourquoi est-ce tu restes là ? Je ne sais pas... Peut-être parceque j'ai l'impression que, si je me lève, je m'écroulerais. Si faible, si fatiguée... Je pourrais bien dormir, là, appuyée contre cet arbre... Mais le risque est trop fort. Il suffirait qu'un gardien passe, et hop, pouf, mais qu'est-ce que c'est que ce petit ventre mademoiselle ? Allez hop, chez la directrice ! Non... Alors j'hoche la tête aux paroles d'Alec. Sagement, docilement, le regard posé sur le sol. Vague.

Je sursaute quand il prend mon visage entre ses mains, posant son front contre le mien. Alarmée, je lève les yeux vers lui, me mordant la lèvre. Que me veut-il ?

A ses mots, mes yeux s'emplissent de larmes. Jamais, jamais je n'ai voulu me laisser mourir. Je l'aurais fait il y a déjà bien longtemps si il n'y avait pas eu cet enfant. Mais ce bébé... C'est mon enfant, notre enfant... L'avenir, l'espoir, comme il le dit si bien... Hors de question que j'abandonne. Pas maintenant. Il se relève, chancèle. Il est si pâle... Inquiète, j'esquisse un geste, prête à le rattrapper si il venait à tomber. Son amant s'en charge pour moi. Il a vraiment l'air mort de peur pour lui. Sans doute l'aime-t-il vraiment... Mais Alec ? Peut-on aimer deux personnes à la fois ?

Je me fige. Bien sûr... Ludwig m'aimait, autant qu'il aimait Alec... Arrête Sybille, tu te fais du mal. Silencieuse, je regarde Gleb et son amant s'éloigner, le regard triste, vague. Je me relève lentement, grimaçante, une main posée sur mon ventre. Dire que je n'étais enceinte que de six mois. Je redoute vraiment les derniers mois de ma grossesse. Prions pour qu'il ne m'arrive rien de fâcheux, à moi ou au bébé...

En parlant de choses fâcheuses... A la question d'Alec, j'ai presque envie de rire. Et je l'aurais sûrement fait, si les circonstances n'avaient pas été telles qu'elles. Mais là... Ce n'est vraiment pas le moment de rire. Lui, me faire du mal, lui ? Non, sûrement pas... Bien au contraire. Il m'a promis de m'aider, de me protéger...

- Non, non, pas du tout... Murmurais-je, la tête baissée.

Si seulement il savait... Mais j'hésite à continuer. Premièrement parceque cela ne le regarde pas. Deuxièmement parceque je n'ai pas envie d'en parler. C'est déjà assez dur comme ça, à accepter... Troisièmement parceque Gleb a l'air triste, si triste. Rien que ses paroles me portent un coup au coeur.

- Il m'a sauvé la vie.

J'ai dit ça comme ça, là d'un coup. C'est sortit tout seul... Bon, j'avoue que ce n'est pas tout à faire comme cela que cela s'est passé. Mais qu'importe, c'est tout de même vrai. J'évite bien sûr de dire que, au départ, il a faillit me tuer. A quoi bon ressasser le passé ?

- Il m'a aidée... Soufflais-je, il a réussi à m'obtenir l'aide de la psychologue, et il a promis de m'aider, de veiller sur moi... Et sur lui... Fis-je en effleurant mon ventre.

Je relève les yeux vers Alec, bravant son regard. De toutes manières, il l'apprendra un jour. Alors à quoi bon lui cacher la vérité, si difficile à accepter soit-elle. Et puis, c'est mon enfant. Pas le sien. J'ai fait ce qu'il y avait de mieux à faire.

Du moins j'essaye de m'en convaincre...

- Il accepté de prendre le bébé en charge. Lâchais-je d'un ton hésitant.

Je recule, avant de refaire un pas en avant. Non. Assume Sybille. Je lève à nouveau les yeux vers lui, et je termine d'une voix grave :

- C'est-à-dire qu'il l'a déclaré comme sien. Comme son enfant...

Je me fige, pétrifié par les mots qu'elle vient de dire. Cet homme... Celui qui a fait ça à Gleb sera le père de l'enfant de Ludwig ? Je ne sais même pas comment réagir alors je ne réagis pas. Je me sens trahit. Comment un homme aussi cruel pourrait s'occuper de l'enfant de Ludwig ? Comment peut elle faire ça à la mémoire de Ludwig ?

Finalement, titubant, je recule... Un pas après l'autre, appuyé sur mon amant. Je crois que mon visage exprime parfaitement le choc que ces mots viennent de me faire... J'en ai le souffle coupé. Je sens que les larmes vont couler sur mes joues tellement je suis terrifié à l'idée que ce monstre aura la main mise sur un tel trésor... Et finalement tous ces sentiments que je tente de contenir et qui s'embrouillent dans ma tête sortent par des mots que je ne contrôle pas... Mais voix est blanche et c'est comme si je ne la voyais plus:

"Comment as-tu osé ? Comment as-tu pu ? ... Je le tuerais... Je le tuerais..."

Mon corps entier tremble tellement je me sens trahi. Je crois que j'en vomirais si je n'avais pas l'estomac aussi vide... Je ferme les yeux et me laisse tomber totalement dans les bras de Gleb. Je titube, je crois que je ne vais pas supporter ça plus longtemps...

"Partons... Gleb... S'il te plait... Partons... Je ne veux pas rester... Je ne peux pas... Je t'en prie..."

J'écoute toute les paroles de Sybille avec attention et, faut bien le dire, avec la plus forte surprise. Je fixe Sybille, ne comprenant cette fois que très peu la situation...Ne comprenant pas que...Cet homme, ce Tobias... Je me doutais que Sybille ne le voyait pas comme Alec le voit en ce moment...Qu'elle ne croyait pas que Tobias pouvait faire...ce genre de chose...Mais, là, je ne mis attendais pas. Je ne sais pas trop comment réagir mais je me doute bien de la réaction d'Alec. L'enfant de l'homme qu'il aimait...L'enfant de Ludwig...C'est l'enfant d'un autre homme maintenant... De celui qui m'a fait du mal.

C'est pour ça que je voulais qu'Alec se taise...Pour éviter de nous faire du mal...À tout les trois...Je ne veux pas qu'il soit en colère...Je ne veux pas qu'il soit en colère contre qui que ce soit. Il recule et je le suis, l'aidant un peu à marcher...Mon coeur me fait mal à l'attente d'une réaction de la par d'Alec. Mon corps tremble dans cette horrible attente.

"Comment as-tu osé ? Comment as-tu pu ? ... Je le tuerais... Je le tuerais..."

Je ferme les yeux. Mon coeur retombe mais il me fait toujours autant souffrir.

Arrête Alec...Je t'en pris...

Je veux qu'il se taise. Une larme s'échappe de mes yeux. Je le serre encore dans mes bras pour qu'il ne se laisse pas tomber au sol...Je le soutiens mais j'ai l'impression qu'il devient plus lourd...Ce n'est pas Alec qui devient plus lourd en fait...C'est simplement moi qui me sent plus faible soudainement, mais pas encore assez pour le laisser tomber...

"Partons... Gleb... S'il te plait... Partons... Je ne veux pas rester... Je ne peux pas... Je t'en prie..."

D'accord Alec...D'accord...Dis-je rapidement. Moi aussi j'ai envi de partir. Je n'en peux plus. Je jette un regard à Sybille...Comment réagit-elle? Elle doit se sentir mal...Dans l'état où elle était déjà...Et la voix...La voix d'Alec...

Je me dirige vers la porte de la prison le plus rapidement possible... Traînant pratiquement Alec...Il devait manger...Moi aussi quand j'y pense.

Je savais bien qu'il ne serait pas enchanté à cette nouvelle. Comment aurait-il pu l'être ? Rien qu'en voyant son expression en parlant de Tobias, je savais qu'il ne comprendrait pas. Il ne connait pas, et il ne connaîtra sans doute jamais le Tobias que je connais moi. Le considérant seulement comme un monstre qui a torturé son amant. Mais il ne comprend pas... Il ne peut pas comprendre...

Pourtant, il a réellement l'air en état de choc. Une partie de tout ça est dûe à son grand état de faiblesse, c'est vrai, mais tout de même... Il a l'air au bord des larmes... Les miennes se mettent d'ailleurs à couler le long de mes joues à ses paroles. Je sais pertinement ce qu'il veut dire, pense, ressent à travers ces mots, ces débuts de phrases. Peine, rage, haine, douleur, incompréhension... " Comment as-tu osé faire ça ? Comment as-tu pu trahir Ludwig de la sorte ? Insulter sa mémoire ? " Non, non !

- Tu ne comprends pas... Murmurais-je, la tête baissée, les yeux emplis de larmes. Je jette un regard à Gleb, qui soutient Alec. Il tente de l'arrêter. Il pleure. Souffre-t-il aussi de la situation ? Ou est-ce simplement le fait de voir son amant dans un tel état ? Qu'importe...

- Tu ne comprends pas ! Répétais-je, en hurlant cette fois-ci. Je n'avais pas le choix ! Pas le choix...

Je cache mon visage dans une de mes mains, détournant le regard, tentant de refouler mes larmes. Si, j'avais le choix. Le choix entre condamner ou sauver mon bébé. Il a été vite fait. Jamais, jamais je n'ai voulu offenser Ludwig. Ni même manquer de respect à sa mémoire. J'aurais tellement voulu qu'il voye cet enfant naître, qu'il m'aide à l'élever, qu'il le voye grandir. Qu'il soit toujours là...

Je relève la tête, déglutissant péniblement, avant de fixer le jeune homme à moitié éffondré dans les bras de l'autre détenu. Il ne me regarde pas, il a les yeux fermés. Mais moi, je sais que mon visage, aussi livide et marqué par le chagrin soit-il, est décidé, et mon regard déterminé. Ma voix, bien que légèrement étranglée par la boule qui m'enserre toujours la gorge, est d'ailleurs ferme, aussi déterminée que mon regard :

- C'est mon - j'insiste sur ce mot - enfant Alec, et je ferais ce qu'il y a de mieux pour lui. J'ai pris la meilleure décision, pour lui et pour moi, même si cela me coûte horriblement. Mais je ne reviendrais pas dessus.

Et, brusquement, je le dépasse, manquant de le bousculer, à nouveau en larmes. Je n'en peux plus. Pendant un bref moment, j'avais cru que nos rancoeurs, nos querelles seraient oubliées, suite à ce drame. Mais j'avais tort... Bouleversée, je rentre en courant dans le bâtiment, avant de disparaitre au détour d'un couloir, mes cheveux roux ondulant en une vague flamboyante dans mon dos.

Oh, je sais que c'est son enfant et pas le mien. J'en ai parfaitement conscience, cruellement conscience... Elle s'en va. Je n'ai pas besoin de la voir, je la sens passez près de moi. Sybille et l'enfant de Ludwig... Ludwig...

"Ludwig !!"

Je hurle ce nom avec désespoir avant de me laisser totalement tomber à terre. Cette fois, les larmes coulent sans retenue sur mes joues et je m'accroche à Gleb comme si ma vie en dépendait. Ma vie n'en dépend peut être pas vraiment mais ma santé mentale, oui... J'ai besoin de lui. Besoin de lui plus que tout. Je pleure dans ses bras pendant un long moment alors qu'il me caresse doucement les cheveux [HJ: n'est-ce pas ? je commence à bien le connaître, Gleb ^^]...

Finalement, mes larmes se tarissent et mes sanglots se calment. Je reste contre mon amant quelques minutes encore avant de murmurer:

"Je suis désolé, Gleb, je te demande pardon de t'imposer tout cela..."

Je me tais un court instant et conclue ma phrase par ce mot qui montre que j'ai parfaitement conscience de ce qu'il vient de faire pour moi, ce qu'il a déjà fait pour moi par le passé et ce qu'il fera encore pour moi dans le futur:

"Merci."

Lentement, difficilement, je me relève - ou plutôt, Gleb me relève - et nous allons vers le réfectoire.

[je te laisse poster là bas si ça te va]

» To the Other Side of the Door [pv Carlou]
» Prendre l'air
» Prendre mes marques
» Juste pour prendre l'air [avec Ian Darklion :)]