Lumière. [Libre]

C'était bien ce que j'avais imaginé. Une grande bâtisse, faisant plus de dix fois une église communale, encerclé de barbelés et de fils de fer. Une maison pour Lucifer. Une prison. Ou plutôt, LA prison. LA prison dans laquelle j'ai décidé de consacrer le restant de mes jours. On m'en a dit du mal. On m'a dit qu'il ne valait mieux pas que j'y aille travailler, que je n'en ressortirais jamais... Qu'il valait mieux que je reste là ou toutes les jeunes filles de mon rang se trouvaient : dans une église, entouré de la présence de Dieu. Dans sa maison.

Mais, avant tout, c'est un défi que je me lance en venant ici.

Personne ne semble croire que je suis assez forte pour pouvoir travailler ici. Je tiens à leur prouver le contraire. Malgré les apparences, je suis une fille qui tient à accomplir ses rêves et à en faire sa destinée fondamentale.

Même au péril de ma vie...

" Voilà Mademoiselle, c'est ici. A votre arrivée, attendez que l'on daigne vous faire entrer. "

Je salue aimablement le gardien en me baissant légèrement. Lui hausse un sourcil, apapremment êné. Il ne semble pas comprendre que dans mon pays, c'est la tradition qui veut ça. C'est vrai que nous sommes en Allemagne, et que j'ai quitté mon pays natal...
Ou peut-être n'a t-il pas l'habitude qu'on lui témoigne une marque de respect semblable.

L'Archipel va sûrement me manquer dans quelques semaines.

Fronçant les sourcils, il s'en va près du portail de l'entrée, sans ajouter un mot. Quant à moi, je m'approche de la Porte qui contient toutes mes illusions encores infondées. Deux autres gardiens s'y trouvent, ayant visiblement l'air de s'ennuyer fermes. Je m'arrête près d'eux, leurs regards pèsent sur moi. Ils me détaillent, de la tête en bas. Je n'apprécie pas qu'ils fassent ça. Surtout qu'avec leurs ennuis du quotidien, voir débarquer une jeune femme ne leur déplaît pas. Ils se laissent aller, ça se voit.

" Excusez-moi... "

J'évite de m'exprimer dans ma langue maternelle, bien évidemment. L'Europe n'est pas un refuge à polyglopes, et surtout pas de polyglopes ayant le japonais dans leurs vocabulaires. Mes lèvres soufflent ces mots en allemand. Je vais devoir m'y habituer, bien que je n'aime pas la sonorité de cette langue.

Mais je ne suis pas Dieu pour juger.

" Si vous voulez entrer, 'vous faut attendre que quelqu'un vous emmène. "
"Ouaip, on n'a pas l'habitude d'être des escortes nous, on fait que surveiller."
"Et c'est d'jà pas mal."
"Ouaip."

Je suis un peu désorienté, et ça doit se voir, puisqu'ils se mettent à sourire. Mais j'essaie de me reprendre, de ne rien laisser paraître, autre qu'un sourire aimable.

" Dans ce cas, j'attendrais ici. Merci de m'en avoir informé. "

Mes mains jointes attrapent un de mes chapelets présents autour de mon cou. Ignorant à présent les deux hommes prostrés dans l'ombre, je me permets de faire une dernière prière discrète dans la lumière. Le soleil ne peut que caresser mon visage, le reste étant recouvert de ma soutane. De mes mains dépasse le petit bous de bois, verni, étincelant.

Chapelet en bois africain, offert par Kimayora-san en 1946 avant de recevoir l'extrême onction.

Je ferme les yeux, et ne les réouvre qu'après avoir entendu le grincement de la porte.

128699 Nombre de messages : 3854 Age : 33 Date d'inscription : 11/02/2007

J’ai besoin de prendre l’air, de fumer la clope que je suis parvenu à me procuré. Que j’ai volé plutôt au mec qui dort dans ma cellule, mais bon il m’avait énervé, je ne suis pas un voleur, ce n’est pas tout à fait mon style, ni un grand fumeur mais parfois dieu que c’est bon de fumer un peu! Je sors dans la cours et merde à cette heure ci c’est carrément bondé. Je n’ai pas envi de me trouver là. Je sais où aller, mais l’idée c’est que ce n’est pas toujours accessible. Je vais tout de même tenter ma chance, qui sait. L’idée est que je ne peux pas réellement me dégourdir les jambes à cet endroit là mais un peu d’air frais ne peu que me faire du bien, surtout avec ma claustrophobie, rester enfermer dans cette prison est tout simplement intolérable, et je ne vous parle pas de la salle d’isolement, ou la salle de torture, alors là c’est invivable. L’extérieur me fait toujours un bien fou. Je ne suis pas l’homme le plus expressif ou le plus gentil de cette planète, j’ai tué énormément de gens, mais je ne crois pas être le plus dangereux ou le plus sadique de cette prison.

J’arrive devant les portes, personne à l’horizon, tant mieux, je vais pouvoir fumer en paix. Alors que je pousse la porte, je tombe directement face à face avec une petite dame, et deux autres mecs qui ont l’air de s’en ficher carrément, à part la reluquer une fois de temps en temps, ils ne me jettent pas un regard. L’idée étant que ce n’est pas réellement interdit pour les prisonniers de venir ici, mais si j’avance un peu trop loin, il y a plusieurs sniper qui n’attendent que ça viser dans la tronche d’un prisonnier, alors je reste bien calme directement à l’entrée. Mais moi qui croyait que j’allais pouvoir être seul ce n’est visiblement pas mon jour de chance. Je regarde la nouvelle. Oh excusez moi, ce n’est pas une prisonnière, mais plutôt une gardienne… Une gardienne? Elle ne semble pas bien méchante

« Ça ne vous fait pas peur … d’entrer ici et de vous retrouver confronter à une centaine de prisonnier en manque de femme? » demandais-je calmement, même en utilisant un ton gentil. Pas qu’il ni ai aucune femme, mais les prisonnières sont rarement très douces et sans défense. Je sors ma cigarette et je l’allume avec une allumette, je ne montre aucun signe d’hostilité, j’ai beaucoup changé, mais je reste tout de même Carl Hyde, un homme agressif qui a une sale humeur, mais je ne frappe pas pour rien habituellement, et cette jeune femme ne m’a rien fait du tout. Je remarque son chapelet, j’ai aussi un collier, caché par mon habit de prisonnier, une petite croix en bois. Et oui qui aurait cru, mais je suis croyant aussi. Bien peu pratiquant, mais parfois c’est bien d’avoir une croyance, surtout ici … Je ne suis pas tellement du genre à prier, mais dire que je ne le fais jamais serait un mensonge. Elle m’intrigue, elle semble bien jeune et douce pour s’enfermer ici avec des prisonniers comme moi et bien pire.

Personne ne s’occupe de nous. Il y avait une bataille dans le réfectoire, voilà pourquoi personne n’était encore venu la chercher. Probablement que ça ne tarderait pas, pendant ce temps j’ai l’occasion de savourer tranquillement ma clope, et elle peut certainement remarquer que je prend un certain plaisir à respirer, dieu que c’est bon de l’air frais, chose que je n’ai pas eu depuis un certain temps. Je reste silencieux, je ne suis pas un grand bavard, mais je suis capable de tenir une conversation, si elle est respectueuse envers moi, elle n’aura aucun problème, je suis respectueux, je vouvoie et je suis même agréable en ce moment, mais la situation peu rapidement changer si l’ont me cherche.

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