Un curé pour tout plein de pêcheurs (PV)

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Quand le fils de Dieu m’appelle …

Les ongles tapotent sur le rebord de la table de la salle commune. Dans un coin retiré, j’observe attentivement le ciel. Ni trop beau, ni trop moche. Encore une journée à s’ennuyer, c’est ça la vie en prison. M’enfin quoi qu’il en soit, j’m’ennuie. Je lâche un bâillement discret, détournant mon regard de la fenêtre pour les poser sur le jeu de Dame devant moi. Obligée de me retrouver à jouer avec un autre détenu, un tant soit peu nul … Un coup, deux coup.

-Gagner.

La jeune femme se lève en dédaignant sa défaite. Enfin non, ça énième. Je repousse le jeu cadré pour poser mon coude sur la table, soutenant ma tête d’un ennuie mortel. J’attrape de mon autre main, l’un des pions en le faisant rouler devant moi. Quoi de plus intéressant d’observer un jeton noir tourner sur lui-même ? Aucun sûrement, je bats le record aujourd’hui. Autour de moi, ça commence à s’animer, trop à mon goût, alors d’un pas léger. Je me dirige vers la sortie, les mains dans les poches.

Un pas, deux pas. Je hante les couloirs de la prison. Quelle activité passionnante, croyez moi les morts. Même la présence du gosse commence à me manquer. M’enfin passons, je ne suis pas encore si désespérée que ça. Surtout que niveau solitude, on ne me bat pas. J’avance, je pense. Mais pourquoi donc ? Allez savoir.

Une voix qui m’est familière retentit dans le couloir. Sans attendre, non je ne me retourne pas, j’accélère le pas. Hors de question que ce gardien vienne encore se fourrer dans mes pattes. Un, deux, trois. Trop tard. Je me sens obliger de me retourner en m’adossant contre le mur -et au passage, laissant échapper un gros soupire-. Lui c’est Ubach. Un bête gardien, petit, lunette. Enfin totalement inoffensif. Et à chaque fois qu’il me demande, c’est pour m’annoncer de mauvaise chose … Coup de bol ?

Deux minutes passent. J’hurle de rire. Me tenant le ventre, j’essaye tant bien que d’mal d’arrêter mon rire. Des larmes commence à me monte aux yeux. Le gardien reste un instant déséquilibrer par ma façon de réagir. Au secours, allez accueillir le curé ? Je me colle contre le mur, stoppant mon souffle pour ne pas recommencer à rigoler comme une abrutie. Je reprends mon sérieux quelques secondes après. C’est qu’il ne blaguait pas le Gardien. Bon, puisque j’ai rien d’autre à foutre, autant aller accueillir le digne servant du Père. Pas besoin de dossier sur ce coup-ci, le gardien m’apprend juste son nom : Vladimir Prokofief. Il devait être facilement repérable dans sa tunique blanche le Monsieur.

J’avance dans les couloirs, traversant le Hall jusqu’à arriver enfin dans la cours. De là, je trottine jusqu’à la porte principale. Du haut des murs, dorme des gardes dans les tourelles. Le type se trouve de l’autre côté. Bouaif, je sifflote pour marquer ma présence. Il a dû comprendre. Je rigole légèrement, putain, qui aurait cru ça … Yoruichi et un curé ?! Je reprends mon air de « je m’en foutisme », une fois la porte grande ouverte.

Un gardien, nouveau je suppose, tiens des affaires dans ses bras. J’hausse un sourcil, tournant les yeux vers un autre homme. Vêtu simplement, débardeur blanc, chemise noire ouverte et jean légèrement usé noir. Rien avoir avec ce que je pensais m’enfin, qu’importe. Je fais un rapide tour de sa personne. D’accord, joli bouille mais c’est tout. Le gardien grogne, je tourne la tête vers lui. Il me donne les affaires de monsieur Prokofief. Je reste bête un instant avant de me retourner vers Vladimir. Tranquillement adossé à son mur, il fume. Dieu que j’ai horreur de ça. D’un ton sec, froid et ironique, je lui dis tout en lui balançant ces affaires vers son torse.

-Si mon Père veux bien me suivre.

Accueillir d’accord, mais pas me prendre pour la boniche de service. Je porte mes mains dans mes poches tout en avançant vers la prison en question. La cour est habitée par quelques oiseaux, moutons ... Euh prisonniers pardon.

Vais-je aller en Enfer, mon Père ? Je ne crois pas en Dieu. Et vous risquez d’être l’objet d’un jeu … Je ris intérieurement. Croyant, n’importe quoi. J’avance en silence, l’homme sur les talons.

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Le « Jésus-sur-patte » a décider de parler on dirait. Mon nom ? Est-ce vraiment important mon père ? Je ne pense pas venir vous rendre visite un jour dans votre église. J’y ai été une fois, ça me suffit amplement. Du coin de l’œil, j’ai remarqué qu’il regardait d’un air satisfait les gens de la prison. Un prêtre heureux ? De un, il fume. De deux, il est ironique. De trois, il est aux aguets. Alors avec ça, qu’on vienne encore me dire que cet homme est normal. Faux. Petit sourire carnassier aux coins des lèvres. Je reste un instant silencieuse … On joue ?

-Yoruichi.

Pas de matricule cette fois-ci, il n’a pas besoin de le savoir. Je ralentis le pas pour être à sa hauteur. Il me dépasse facilement d’une tête. Mais qu’importe. Lorsqu’un loup entre dans la bergerie, j’ai une affreuse tendance pour le remarquer. Mais bon, chut ma belle. C’est pas encore l’heure de jouer les vilain félin. Hm … Nous arrivons enfin à la porte secondaire de la prison. D’un coup de genoux, l’entrée s’ouvre. La poussant de ma main, son poids fait ce qu’il est. C'est-à-dire fameusement lourde. Le Hall se dévoile à nous, toujours sans regarder Vladimir, j’avance vers la réception. J’étais juste pas au courant de son numéro de chambre. Le gardien de l’autre côté du guichet me regarde bêtement.

-Numéro de la chambre de monsieur Vladimir Prokofief ?

Chambre quatre, parfait. Je ne retourne vers le « celui-qui-toucherait-presque-le-ciel » en lui informant qu’il était dans la chambre numéro quatre. Je traverse le Hall, avec monsieur sur mes talons. Après tout, il n’avait pas trop le choix de me suivre. De là, j’entre dans un couloir qui donne accès à l’aile des employés. Monsieur Euronyme m’avait prévenu que je n’avais pas le droit d’y aller. Mais il ne m’avait jamais préciser qu’un jour ou l’autre je me devrais d’accueillir un prêtre.
Droit devant nous, se dresse un escalier de pierre. Au dessus, j’imagine qu’il doit y avoir les chambres des employés. A ce moment là, puisque de toute évidence, j’avais aucune envie d’y monter, je lance à l’adresse de Vladimir en lui tendant les clefs :

-Chambre 4, en haut. Vous êtes assez grand pour la trouver.

Dans le mile, connaissant ce genre d’homme. Il va vouloir que je lui fasse le tour de la maison. Mais comme celui-ci porte ses affaires en main. J’ai pas envie d’être ralentis à cause de ce détail. Je soupire tout en regardant le sol, les mains dans les poches. D’accord. Je finis par me résoudre à monter les marches en ronchonnant intérieurement.

-Sachez que je n’ai pas le droit d’être là. Evitez donc de perdre du temps …

A ranger vos affaires dans votre chambre. Oui, je sais, je pourrai me montrer plus aimable. On va dire que pour le moment, c’est minime. Il ne m’a pas encore cassé les pattes avec son « Dieu tout puissant ». Moi je pactise avec Satan et non pas avec la barbe blanche. Une fois devant la chambre numéro quatre, je m’adosse contre le mur à côté de la porte, regardant bêtement les autres chambres dans le fond. Dire que lui était par ici … J’oublie vivement pour me « concentrer à moitié » vers Vladimir. Attendant tranquillement qu’il ouvre cette fichue entrée et y dépose ses affaires pour pouvoir redescendre. Pas que je préfère ma cellule … Quoique … mais bon.

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Découvrir les recoins les plus profonds ? Je reste un instant bête en pensant aux salles de tortures. Les sous-sols interdits. Le temps qu’il entre dans sa chambre, je remonte la manche de mon uniforme. Deux belles cicatrices sont ancrées dans ma peau. Plus sombre, hors de question pour moi d’y remettre les pieds. Et puis, est-ce vraiment commun pour un prêtre de dire ce genre de chose. Décidément, il a rien de normal. Je tourne mes yeux des marques, laissons ça ou cela doit être. Loin derrière.

Vladimir est de retour et me fait signe qu’on peut démarrer. A vrai dire, j’ai plus trop envie de parler mais bon, juste pour cette fois, je ferai une exception. Je me détache du mur tout en passant devant lui pour ensuite, redescendre les escaliers. Là, haut très cher curé, c’est les chambres des employés. Mais je suppose que vous l’avez remarqué. Une fois dans le hall, je me pose. Me retournant vers l’homme.

-A l’autre bout c’est l’aile des prisonniers. Parallèlement à ça, vous avez l’aile commune.

Je me dirige vers l’entre des prisonniers. Rien de bien spécial, il verra bien par lui-même. Encre des escaliers, tourner dans tel ou tel couloirs. Un vrai labyrinthe lorsqu’on a la tête dans les nuages. Moi ça va, ça fait tout de même près de six mois que je suis ici. Mes problèmes d’orientation ne sont plus là. Ma curiosité reprend petit à petit le pas sur mon envie de silence.

-Pourquoi êtes-vous venu exercer ici ?

C’est vrai quoi, il devait bien y avoir une église dans le village. Une place pour un prêtre en somme. A ma connaissance, le barbu pardonne à l’homme ses erreurs. Pourquoi avoir donc bâtit des prisons si les péchés sont excusé ? L’être humain fait preuve de débilité, c’est déconcertant. Et puis dans le fond, pourquoi je me barre pas d’ici moi ? C’est pas le manque qui manque, croyez-moi. Il y a des failles dans toutes les constructions. Aussi bien dans une abbaye que dans une prison. Bien que celle-ci soit super-méga bien protégée. Elle aura toujours ses faiblesses. Mais en ce moment, je me sans « bien » ici, donc, je vois pas trop pourquoi je partirai.

A force de marcher, nous nous trouvons d’un coup dans le couloir avec une trentaine de cellules. La douze, celle de Gleb. Vingt et une, Bella. Je m’arrête, laissant le temps à Vladimir de jeter un coup d’œil. Je ne perdrai pas de temps à faire la visite. Sur un ton ironique, je lui lance avant de me détourner pour poursuivre mon …notre chemin :

-Bienvenue dans la maison du Diable.

Je ne sais pourquoi, ces cellules jettent toujours un froid sur les nouveaux arrivant. Moi personnellement, j’m’y sentais bien. M’enfin ça reste un avis personnel. Tournant encore dans les couloirs, viens le couloir principale avec tout ce dont nous sommes en « communauté ».

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Cherche l’erreur …

Par pitié bouchez-moi les oreilles. J’aurai du la fermer. Bah oui, mise à part parler de spiritualisme et tout le blabla, que pouvait faire d’autre un prêtre ? Violer les bonnes sœurs ? J’me fais rire intérieurement. Et pour combler la chose, il me pose la question habituelle « pourquoi t’es ici ? ». Langue de serpent, j’ai tué mon Père. J’ai exorcisé ma haine en dehors de mes entrailles. J’ai avidement fait couler le sang de deux être humain. De votre espèce. Des hommes. Jeu de tac, jeu tout court. Je ne réponds pas tout de suite. Nous sommes dans l’aile commune. Et c’est exactement là qu’il y a la fameuse église. Je jette un regarde à Vladimir tout en lui adressant un sourire narquois. Pourquoi s’en priver ? A pas de loup, nous approchons de la porte avec la reproduction en bois du Christ sur sa croix. La porte s’ouvre, laissant s’échapper des moutons.

-La maison de votre Seigneur …

J’y suis allé une fois. La première et la dernière d’ailleurs. J’ai aucune envie d’aller batifoler à l’intérieur. Et puis, il avait le temps pour aller la découvrir de lui-même. Je continue la marche, à sa hauteur cette fois ci. Je devais facilement lui arriver à l’épaule. Si pas moins. M’enfin, ce n’est qu’un détail.

Je poursuis donc la « visite spécial Yoruichi fait en dix minutes » avec l’aumônier. Croisant quelques prisonniers pas bien intéressant à mon goût -comme d’habitude quoi-. Pour la peine, j’explique à Vladimir que employer comme prisonnier, les douches sont communes pour les deux. Viendra le moment où je répondrai à sa question. Mais pas maintenant. Un rire d’enfant retentit dans mes oreilles, c’est encore le blondinet. Il est à l’autre bout du couloir, planté en plein milieu du chemin. Ses lèvres remuent : « pourquoi ? ». Je nie l’effectif. Racontez à un prêtre que je suis poursuivie par l’âme d’un gosse mort, ça le fait vraiment pas. Je stoppe mon pas.

Jeu oral, jeu gestuel …

Je fixe le sol. Tester les véritables valeurs d’un homme n’est pas bien difficile. Mais le faire avec un prêtre qui ne me semble pas très chaste, est une expérience assez drôle à mon goût. Libérant l’infime joueuse qui dort en moi. Je me vois de loin, faire le tour de l’homme, frôlant son être. Presque rien. Juste à éveiller ses sens. Passant de son flan gauche, contournant son dos, pour revenir me planter devant lui par son côté droit. Je fixe la croix qu’il porte autour de son cou. Rigide et bien droite, elle inspire le symbole de l’église mère. Toute puissante. Je viens la faire bouger de gauche à droite. Je regarde un court instant, la croix devenir pendule. J’attends qu’elle s’arrête pour venir la saisir entre mes doigts. Tout en observant la lueur que les lumières reflètent dessus, je finis par répondre à sa question :

- Je suis ici pour deux « meurtres ». Celui de mon géniteur et celui d’un jeune homme.

Je souris tout en relevant mes yeux vers les siens. Vert émeraude. Un jeune fauve ... Je ne me trompe pas. Vous êtes bien ce que je pensais. Le sourire s’élargit encore un peu plus. Tentant le jeu de la provocation. Rien de mieux pour mettre à genoux un homme qui se dit, servant se dieu. Ma main tient toujours fermement la croix. Mon visage toujours planté dans le sien. A quoi bon …

J'ai trouvé l'erreur ...

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Illusion irréelle, rêve réel …

C’est si facile de jouer. Mettre à genoux un homme. Le faire s’ouvrir à vous sans demander, sans devoir bouger les lèvres. Les gestes suffissent amplement. Tournez donc comme un félin affamé autour d’une proie, ou d’un congénère. Il croira que sa fin est proche. Mort d’envie, n’est-il pas ? Je joue encore la carte de l’ignorance. Jusqu’au moment où, il craque. Posant sa main sur la mienne qu’il saisit avec un peu plus de tenace qu’au départ. Me soufflant que : « je m’expose à un certain risque ». Mais je le savais depuis le début Monsieur Vladimir. Seulement, compte rendu des choses. Ce n’est pas moi l’objet. J’affiche un léger sourire en coin. Si vous saviez. Je lâche la croix, en retirant sa main de la mienne. Coup pour coup, je viens saisir le bas de mon uniforme afin de le remonter légèrement.

-Votre risque est-il aussi pire que celui là ?

J’expose un bref instant les plaies sur mon ventre. Pas joli, loin de là. Elles me couvrent presque tout le ventre. Je ne me suis pas encore amuser à les compter. Je le fixe toujours autant. Il ne s’attendait certainement pas à cela. La torture est un art après le sexe ici. A vous de choisir si l’autre est concentrant ou non. J’en ai eu pour mon garde. Peu de personnes savent que je porte sur ma peau, l’erreur d’une vie. On pouvait aussi voir nettement qu’elle n’avait jamais été soignée. Cela m’était bien égale. Ma main relâche le tissu qui vient recouvrir parfaitement ma peau. Aucune négligence de ma part. Tester jusqu’à un point. Pourquoi pas ? Après ce n’est sûrement pas lui qui allait se plaindre. D’un geste fin, je viens saisir son menton tout en l’attirant vers moi. Les yeux jouant un jeu compréhensible. Imprévisible … C’est bien ça le problème. J’approche mes lèvres de son oreille, assez lentement. Presque sans le faire exprès. Tout en lui murmurant :

-J’ai comme l’impression que notre cher prêtre est loin d’être chaste …

Il est déjà à nue de toute façon. Et jouer avec ça, risque d’être assez drôle. Je m’éloigne doucement, de façon à n’être qu’à quelques centimètres de ses lèvres. Je n’effleure pas, je ne frôle pas. Je me détache de sa personne tout en le relâchant. Reculant d’un pas. Mes cicatrices devront rapidement le déconcertés. On ne touche pas une peau salie. C’est ça qui fait le tout. Je suis en quelque sort « protégée ». A moins qu’il ne soit fou et passe au dessus de ce détail qui moi, personnellement, me repousse au plus haut point. Ca m’étonnerait pas de lui en tout cas.

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