Sadismus Jail
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Sadismus Jail

Venez vivre la vie mouvementée des prisonniers de Sadismus.
 
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Siriel Silver
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Siriel Silver


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MessageSujet: Porte close   Porte close Icon_minitimeSam 14 Juin - 15:49

On associe souvent le gris au désespoir et au malheur. Pourtant, c'est l'une des couleur les plus utilisées dans la société morderne. Symbole de la déprime qui mine nos quotidiens ? Peut-être. Ou pas. Peu importe finalement.
Debout devant une porte en métal qui dépasse de quelques centimètres les murs qui m'ont inspiré ces pensées, je fixe le bitume. Autour de moi, quatre policiers allemand parlent dans leur langue maternelle. Les sons qui sortent de leur bouche me rappellent les chansons que ma soeur inventait parfois. Une succession de syllabes sans aucun sens qui fait un bruit de fond pas désagréable pour une fois.

Sarah.

Les bruits s'intensifient autour de moi et visiblement mes gardiens s'impatientent. Cela doit faire quelque temps que l'on attend tous les cinq devant cette porte et ils n'ont pas l'air content du tout. Ils regardent leur montre, piétinent, changent de place, me fusillent du regard, comme pour me punir de mon impassibilité. Ils sont le portrait de la modernité qui ne tiens pas en place et cherche à aller toujours plus vite. Au moins à l'intérieur de ces murs, on a surement plus à s'occuper du temps qui passe. Soudain, un cri me fait lever la tête. Un policier me réprimande vertement pour je ne sais quoi. Mes yeux quittent à regrès le bitume gris pour se poser sur une paire de chaussures noires. Puis un pantalon d'uniforme, une veste, un cou orné d'une chaine en or, un menton mal rasé, des yeux clairs. Il me parle en frappant sa main de sa matraque. Mon impassibilité à l'air de le contrarier, mon silence aussi. Soudain je reconnais quelques mots en anglais. On me dit de parler. On me l'ordonne même. Dommage, je n'ai pas spécialement envie de faire un effort ce soir.

Le Policier aux yeux bleus s'énerve. C'est le plus bruyant de la bande, celui qui a essayé de me faire réagir depuis que je suis descendu de l'avion. Ses amis le laissent faire la plupart du temps, se contentant de le rappeler à l'ordre lorsqu'il dépasse les bornes. Et c'est ce qui va se passer à en juger par la coloration rose de ses joues pâles. Quoique.

La porte s'ouvre soudain, et quatre têtes à képi se tournent vers l'orifice. Les yeux que je fixaient disparaissent pour être remplacés par une chevelure blonde qui flirte avec une oreille. Je ne bouge pas pour autant continuant à fixer droit devant moi. Je remarque de la sueur sur la tempe du policier qui recule soudain et me révèle une jolie route grise bordée d'un mur de pierre à droite et d'un talus à gauche. De mieux en mieux.

Un talkie crache en allemand, on me prend la main et on me tire, sans violence ni douceur à l'intérieur des murs. Comme d'habitude, je n'oppose aucune résistance, laissant ces gens me déplacer dans l'espace, jusqu'à ce qu'ils me laissent seul. Je dois attendre le gardien. J'attends. Les secondes s'égrennent dans le silence, invisibles puisque je n'ai pas de montre mais aussi présentes et immuables que les battements de mon coeur. Je regarde dans le vide. Je ne vois rien. Je suis seul, invisible, près de ma soeur qui soudain me parait bien plus réelle que le reste. J'attendrais le temps qu'il faudra. Je sais bien qu'un jour où l'autre, le noir qui tache ma mémoire prendra tout et que je retrouverais ce que la vie m'a volé. Je suis patient. J'attends.
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Damara Galanis
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MessageSujet: Re: Porte close   Porte close Icon_minitimeSam 14 Juin - 17:07

Quelqu’un s’approche de ma chambre, mon cœur bat de plus en plus vite. Je me replie encore un peu plus sous la couverture, je ne voulais plus descendre dans les salles d’isolements. Mes tremblements se font de plus en plus forts, j’aimerai boucher mes oreilles. Me dire que le bruit qui résonne contre la porte n’est qu’une illusion, un rêve ou plutôt, un cauchemar qui touchera prochainement à sa fin. Pourtant, une voix qui se doit d’être rassurante me tire de mon cocon d’angoisse.

« Damara ? On a besoin de toi. »

Besoin de moi ? Non je ne veux pas. Appelez quelqu’un d’autre. La vision de la prisonnière, de son sang couler le long de sa lèvre … Tout ça dans cette pièce sombre où la lumière n’apparait jamais. Mon collègue se tient toujours devant la porte fermée de ma chambre. Il sait très bien que je ne peux pas faire de mal à qui que se soit, c’est au dessus de mes forces. Un cliquetis retentit dans la serrure, alarmant ainsi le jeune homme que j’avais ouvrit la porte. Un écart se forme, laissant apparaitre mon visage dont l’expression n’avait rien d’amusant.

« Ne t’en fais pas, tu dois juste aller chercher un prisonnier dehors, lui expliquer ce qu’il peut et ne peut faire. Et le conduire à sa cellule. Tu trouveras les papiers à son sujet à l’entrée. »

J’acquiesce d’un geste de la tête. Je n’ai que ça à faire … Aller le chercher. Je referme la porte derrière moi, abandonnant à ses dépends le garçon. Bon, Damara, cette fois çi, on ne te demande pas la lune. Prenant rapidement mon uniforme que j’enfile en quelques minutes, il ne fallut pas énormément de temps pour que je sois déjà entrain de arpenter le couloir pour me diriger vers le hall. Tourner, encore et encore, je m’étonne de ne pas me perdre dans ces lieux. Une fois arrivé à l’entrée, un homme me tendit des papiers. Tout en le regardant d’un air méfiant, j’attrape le dossier et le feuillette rapidement.

Nom : Silver Siriel.
Sexe : masculin.
Age : vingt-huit ans.
Crimes commis : Meurtres en série.

Pourquoi me fallait-il parcourir ça ? Ce qu’avait fait ce garçon m’était complètement égal. Je soupire tout en serrant le dossier contre ma poitrine. Je ne sais même pas s’il est arrivé et pour cela, il fallait que je sorte pour vérifier. Pauvre de toi Damara, avec ce que tu endures, tu n’arrives même pas à en vouloir à Zeus, ni même à Thierry. Tout en poussant la porte d’entrée, j’aperçus à l’autre bout de la cours une silhouette sombre. Inspiration, me voilà sur le chemin qui me conduira à ce Silver Siriel. En effet, un homme se dessine de plus en plus nettement devant moi. Chaque trait est plus visible et régulier.


« Silver Siriel ? Bienvenue à Sadismus, voulez-vous bien me suivre… »

Sourire habituel, je remarque que le garçon est grand, très grand. Même les hommes de Grèce ne sont pas aussi imposant par leur taille déjà bien menue. Je tourne mes talons avec le nouveau venu sur mes pas. Je n’avais encore jamais accueilli un prisonnier, même durant mon service à Athènes, les détenus nous étaient directement envoyer et conduit par des policiers d’une autre prison. Je tourne mon regard vers le jeune homme. Et sur un ton agréable, je laisse aller mes paroles.

« Je suis Damara Galanis. Puisque vous êtes nouveau, je dois vous mettre au courant de certaines règles. La première est que l’accès aux couloirs des salles d’isolement et de tortures vous est strictement interdis. Ainsi que l’accès à l’aile des employés. La seconde, vous devez être impérativement dans votre cellule après le couvre feu. Des questions, peut-être ? »

Par Œdipe, comme je n’aime pas jouer ce rôle de gardienne. Même Hadès aurait été mieux. Au titre de bourreau, je ne suis pas très apte. Mais pour un début, dois-je vraiment me considérer de « médiocre » ? Accueillir un prisonnier, ça, tout le monde pouvait le faire. Alors pourquoi fallait-il que je me remette encore en doute … Mes yeux d’un rare bleu clair viennent jouer avec l’horizon. Ne dit-on pas que nous sommes tous sous le même ciel ? Pourtant, celui de Grèce me semble beaucoup plus chaleureux.


Dernière édition par Damara Galanis le Sam 12 Juil - 16:06, édité 1 fois
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Siriel Silver
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MessageSujet: Re: Porte close   Porte close Icon_minitimeDim 15 Juin - 9:19

Les nuages passent dans le ciel, jetant des ombres mouvantes sur le bitume à mes pieds. Le temps. Terme curieux, générique, désignant de nombreuses choses qui n'ont rien à voir et qui pourtant me semblent liées. Le temps est au gris, et il passe inexorablement, symbole de la réalité du monde. Car les choses réelles sont celles qui n'ont pas besoin de nom pour exister. Elles sont toujours là, partout, tout le temps, et pour tout le monde. Le reste n'est qu'illusion.
Je suis toujours debout, là où l'on m'a lâché, le regard dans le prolongement de mes yeux, la tête droite, le dos droit, les pieds légèrement écartés et les bras le long du corps. Je ne bouge qu'à peine, hydratant parfois mes yeux d'un battement de paupière et laissant le vent jouer avec mes cheveux. J'ai comme l'impression de ne pas être. Peut-être est-ce le cas, peut-être ne suis-je pas réel. Mais si je ne suis pas réel, alors cela veut-il dire que je ne peux pas mourir ?

Quelques grains de poussière tombent dans un rayon de lumière. Pour quelques secondes, le soleil a réussi à transpercer les nuages et m'offre se spectacle de danse. Je dois faire un effort pour ne pas détourner les yeux et rester impassible. Sarah aimait danser. La moindre chose me fait penser à elle et la douleur est toujours aussi forte. Rien au monde ne pourra m'en séparer. Pas même Elle.
Les nuages viennent me sauver de la mélancolie, cachant cet astre meurtrier. Mais c'est déjà trop tard. Mon esprit quitte la terre pour se plonger dans la brume blanche sale qui me sert de refuge. Déjà les fils collants tournent autour de mes pensées, les fige et les happe comme autant de fil d'araignée. Je sens leur emprise sur moi. Inutile de lutter. Pour quoi faire de toute façon…


« Silver Siriel ? Bienvenue à Sadismus, voulez-vous bien me suivre… »

Une voix me rappelle à l'ordre. Je cligne des yeux pour voir de qui il s'agit mais je ne vois rien que le soleil qui a bougé dans le ciel. Du temps est passé durant ma rêverie monochrome. Je cherche du regard le propriétaire de la voix qui prononce mon nom avant de penser à baisser les yeux. Elle est toute petite, toute frêle et ses longs cheveux noirs forment un dessin curieux sur le sommet de sa tête. Si j'avais un papier et un crayon j'essaierais de dessiner ces ombres dans les ombres. Quoique je ne suis pas sur de pouvoir dessiner avec des menottes.

L'inconnue s'est mise à avancer et mes jambes (donc le reste de mon corps aussi) se mettent à la suivre en silence. Les cours et les couloirs se succèdent puis deux saphirs clairs attrapent mon regard. Il me faut un moment pour m'apercevoir que je comprends sa langue.


« Je suis Damara Galanis. Puisque vous êtes nouveau, je dois vous mettre au courant de certaines règles. La première est que l’accès aux couloirs des salles d’isolement et de tortures vous est strictement interdis. Ainsi que l’accès à l’aile des employés. La seconde, vous devez être impérativement dans votre cellule après le couvre feu. Des questions, peut-être ? »

Quoique ce devait être une illusion. Finalement je ne comprends rien. Les couloirs des salles d'isolement et de torture ? l'aile des employés ? Couvre feu ? Je ne sais ni où se situent ces boites de pandore ni même quel jour on est. Alors l'heure … . N'ayant toujours pas envie de parler, je laisse mes yeux faire passer mon incertitude. Mes pieds se sont arrêtés de marcher comme pour permettre à mon cerveau embrumé de bien traduire les données. Pour la première fois je réalise où je suis. Un lieu avec des nouvelles règles. Hum.
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MessageSujet: Re: Porte close   Porte close Icon_minitimeDim 15 Juin - 11:00

Un vent frais vient effleurer la faible végétation qui garnit un recoin de la cours, faisant danser les feuilles de ces arbres à son passage. Hélios est généreux aujourd’hui, il permet au simple mortel que nous sommes de profiter agréablement de son tendre astre : le soleil. Quelques rayons traversent timidement l’épaisse couche de nuages qui se promènent allégrement sur le fond bleu au dessus de nos têtes. Le doux sifflement du vent chante dans mes oreilles, étonnée de ne pas avoir de réponse du jeune homme. J’ai le réflexe de me retourner vers sa personne. Comme perdu dans ses pensées, venant de se rendre compte de quelque chose dont lui seul savait. Mon regard est perplexe, je ne m’attendais pas à se genre de réaction. Ne m’a-t-on pas dit que cet accueil serait simple ? Que dis-je. La simplification n’ait pas connue des hommes. Il faut toujours tout compliquer. Debout à contempler le vide, je ne sais que faire. Je n’ai pas pour habitude d’être très silencieuse. Ma voix se détache, mes lèvres décident à remuer.

« Quelque chose ne va pas ? »

Nous ne sommes pas encore en effet … Nous ne sommes qu’en Allemagne, dans la prison « Sadismus ». Loin de tout, coupé du monde. Là où, il n’y a que des « animaux à abattre » et des innocents malgré tout. Je n’ai plus à me demander pourquoi je suis ici. Voulant me tester et lui prouver que je ne changerai jamais.

« Venez »

Plus un ordre qu’autre chose, mon cœur se sert de constater que l’instinct de « gardienne » jouait avec la Damara habituelle. Sans mentir, je n’apprécie gère ce genre situation. Mes pas un peu plus rapide qu’a l’origine me le fait bien ressentir. L’hésitation me prend, soit je laissais ma chance de pouvoir faire un minimum la conversation avec ce garçon, ou bien l’empressement de retourner dans ma chambre me gagne.
La porte secondaire de la prison se dresse devant nous. Imposante, noircie par les années et lourde. Je viens la pousser de tout mon poids pour pouvoir enfin pénétrer à l’intérieur. Le « hall » est assez vaste, dans son centre se trouve l’un de mes collègues. Je m’empresse de m’approcher de celui-ci et de lui faire comprendre que j’accompagnais ce nouveau détenu. Tout en me tendant un uniforme avec le matricule 571-428 que je saisis assez rapidement. Déposant le dossier du prisonnier sur le rebord du mur.


« Et le numéro de cellule ? »

Je remercie l’homme et me tourne vers le jeune Silver. En lui faisant un signe de la tête pour qu’il me suive, je stoppe mon pas devant l’aile des prisonniers. Ma main vient lui présenter son nouveau bien.

« Tenez votre uniforme. Vous pouvez voir que votre matricule est le 571-428, il est très important. Tachez de ne pas l’oublier. Votre cellule maintenant … »

Avançant dans les profondeurs de ce couloir sombre et humide. Jetant quelques coups d’œil derrière moi pour me rassurer d’avoir la personne derrière moi. Avec sa grande taille, je ne pouvais le perdre de vue. Ce silence est pesant, à côté de ce garçon, Sebasten est une vraie pipelette. L’atmosphère est calme malgré tout. Ma main vient effleurer le mur du bout des doigts, il est raide, et abruptes, légèrement coupant.

« D’où venez-vous Silver ? »

Les origines … Que cela soit d’une personne ou d’un monument, m’intéresse. Le début de toutes choses, le commencement d’une vie. Certaines personnes ne font plus attention à ce détail, semblant trop anodin. Pourtant, je ne suis qu’une personne et je n’en n’oublie pas pour autant d’où je viens. J’y retournerai un jour.

Nous approchons enfin des cellules. La trente et une … Mon regard se pose sur l’une des portes au hasard. Onzième cellule, celle que je cherche doit être à l’autre bout. Par Œdipe qu’il me semble long se couloir. Quelques prisonniers gambadent tranquillement entre l’intérieur de leur petit quatre mètres carrés et l’extérieur. Là voilà enfin. Je stoppe le pas tout en décrochant les clefs de ma ceinture. L’insérant dans la serrure, un cliquetis sonore retendit, la porte de la cellule s’ouvre devant moi sous un affreux grincement insupportable.


« Vous logerez dans la cellule trente et une avec trois autres personnes. Si vous avez des questions, je vous conseille de me les poser maintenant. »


Dernière édition par Damara Galanis le Sam 12 Juil - 16:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Porte close   Porte close Icon_minitimeLun 16 Juin - 8:27

Le silence s'installe un moment entre Damara et moi, coupé simplement par le sifflement du vent dans les branches d'un arbre quelque part sur ma droite. Oui Damara. J'ai entendu son nom pour autant qu'il signifie quelque chose. Il m'explique ce drôle d'accent que je n'arrivais pas à localiser. Elle n'a pas un nom allemand elle non plus. Je me demande quelle est la langue utilisée dans cette prison. J'espère que ce sera l'anglais parce qu'à part ça et le français (ma langue maternelle) je ne parle pas. Mais ces deux là non plus, je ne les utilise pas beaucoup.

« Quelque chose ne va pas ? »

Tout va bien, Sarah est morte, moi aussi. Tout va bien. Je sens autre chose dans sa voix. Comme de l'angoisse. Ou alors c'est l'angoisse du vent, je n'arrive pas vraiment a faire la différence. J'hésite cette fois à répondre à l'oral. L'étaut me serre toujours la gorge et je ne suis pas sur à arriver me faire entendre mais peut-être cela pourrait simplifier la communication. Enfin. Pas envie de communiquer. Trop fatiguant.

« Venez »

Ca au moins je comprends. C'est clair, net, précis. Un ordre. J'aime les ordres, il ne laissent pas de place pour les questions. Mes jambes obéissent sans même que j'ai besoin de leur ordonner quoique ce soit. Ma guide a acceléré le pas et mes enjambées se font plus longues. Je n'ai pas à faire d'efforts pour me maintenir derrière elle. Elle est tellement petite.
Nous arrivons alors devant une autre porte imposante. Je la regarde sans la voir, attendant patiemment que Damara l'ouvre. Elle semble lourde mais c'est assez normal. Il le faut pour retenir toutes les pensées qui peuvent tourbilloner en ces lieux. Il y a une toute petite fissure sur le béton à coté. Un jour la vie y grandira avant d'être détruite par un humain. La nature crée, l'homme détruit. C'est dans sa nature. C'est pour ça qu'il a été créé.

Le couloir est un trou de ver. Par réflexe, je baisse la tête en passant sous la porte (je m'en suis prit beaucoup alors maintenant elle fait attention). J'imagine une immense chenille qui aurait creusé cette cavité. La prison va-t-elle un jour se transformer en papillon ? Damara a encore acceléré pour retrouver une antenne de la chenille. Mes pensées vont au futur papillon qui prendra son envol et rejoindra le ciel. Les deux antennes communiquent plus loin mais je n'écoute pas ce qu'ils disent. Mes yeux se posent sur mon "dossier" puis sur la pierre qui le supporte. Je la plains.

Un signe de tête et nous voila repartis dans les couloirs de la fourmillière et nous arrivons devant des portes arborant différents numéros. Mes yeux voient et mon cerveau enregistre les informations mais je n'ai pas l'impression d'être là. Mon corps marche, assurant mon déplacement et mon équilibre mais ce n'est toujours pas moi. Moi je suis ailleurs, sur les ailes du papillon qui n'est pas encore, près de celle qui n'est plus. Elle dirait que je rechute encore. J'espère ne pas tomber, je risquerais de La blesser.


« Tenez votre uniforme. Vous pouvez voir que votre matricule est le 571-428, il est très important. Tachez de ne pas l’oublier. Votre cellule maintenant … »

Nous nous sommes arrêtés. Mes mains se tendent et prennent l'uniforme. Je note son uniformité. Ils mettent mon corps en prison et l'enferment dans ce truc. Noté. Tant qu'il est propre, je m'en fiche un peu. Les nombres résonnent dans ma tête 571 248. Je m'en souviendrais peut-être. Si j'y pense. J'en profite pour attraper sa main et la serrer tres légèrement avant de la lacher. Une façon de dire merci sans parler.

Le train est repartit sans sifflet ou contrôleur. Je continue a suivre la jeune femme, inconscient de l'humidité et de l'obscurité. Mes pupilles se dilatent pour profiter de la lumière dégagée par ma peau blanche. Je suis la luciole de la chenille.


« D’où venez-vous Silver ? »

"Londres. Vous ?"

Ma voix résonne à mes oreilles, très grave, rauque, tout sauf mélodieuse. J'ai parlé en anglais avec un petit accent français qui ne partira jamais. Je suis le premier surprit de l'entendre. Non seulement j'ai répondu mais j'ai retourné la question. C'est très rare. Je ne regrette pas mon geste. Elle est la premiere personne qui ne me crie pas dessus depuis mon arrestation. Ma première bulle de calme. Elle a bien mérité que je fasse cet effort. Mais il n'empêche que c'est curieux.

Nous marchons encore et toujours et les numéros se succèdent. La 31 marque notre dernier stop. Elle ressemble à toutes les autres mais j'aime bien ce nombre. 31. 3.1. 3+1=4. Or le 1 est le nombre de l'homme, 3 est celui de l'esprit et 4 celui du monde. 31. 13 à l'envers. Oui, ce nombre me plait. Le fait de devoir partager mon quotidien avec trois autres personnes est bien moins agréable par contre. Mais bon. Je m'y ferais sans doute. Sinon tant pis.


« Vous logerez dans la cellule trente et une avec trois autres personnes. Si vous avez des questions, je vous conseille de me les poser maintenant. »

"Pourquoi ?"

Pourquoi était-elle ici à se faner avant l'âge ? Pourquoi était-elle gentille ? Pourquoi fallait-il poser ses questions maintenant ? Pourquoi Sarah était-elle morte et pas moi ? Tant de questions que je ne peux formuler et qui résument ma détresse intérieure. Je n'ai pas peur pour moi, je me fiche complètement d'être coupable ou innocent, d'être bien protégé ou de rencontrer des assassins comme moi, mais il y a des miliers de pourquoi sans réponses qui tournent dans ma tête. Pourquoi suis-je moi ?
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MessageSujet: Re: Porte close   Porte close Icon_minitimeLun 16 Juin - 16:56

Le pourquoi est un mystère à lui seul, chaque homme cherche avec acharnement les réponses à cette question si … basique et anodine. Anodine parce que si nous allons plus loin dans notre passé, étant enfant, on demande toujours « pourquoi » à nos parents. Petit, nos questions ne sont pas assez formelles et les questions qu’on nous donne sont très simples. Il a toujours une exception dans le lot, il va de soi. Je me revois à huit ans. Sebasten était tranquillement entrain de rédiger un compte rendu sur le théâtre d’Athènes. Je lui avais demandé : « Pourquoi maman n’est plus là ? ». Je ne me rendais pas compte à l’époque que cette question allait mettre mon père dans une position inconfortable. Mais quelque part, il s’y attendait. Et la réponse que j’en tirai me convenait parfaitement. Maman est partie en me donnant la vie …
Je plonge mon regard dans les yeux d’un bleu-gris ternit. Tout en haussant un sourcil, je ne comprends pas ce qu’il voulait me dire par « pourquoi ».


« Pourquoi quoi? Que voulez-vous dire ? »

Était-ce parce que je lui avais dit de me poser directement des questions s’il en avait ? La réponse est simple pourtant. Je ne suis pas sûr de le recroiser prochainement, et je ne connais pas assez mes collègues pour savoir s’ils lui répondront quand il aura une question sur la langue.
Le fait qu’il vienne de Londres me ramène un peu sur terre, loin des réflexions machinistes que pouvait avoir l’esprit. Je suis tout de même soulagée et heureuse de savoir que Silver parle. Mais j’avais malencontreusement évité de lui répondre à sa propre question.


« Je viens d’Athènes »

Et comme elle me manque mes terres d’origines. Partir loin est une expérience intéressante mais bon. J’ai toujours sur le cœur le manque de mes proches. Je ne resterai pas toute ma vie ici, il en était hors de question. Mon but n’est pas de passer toute ma vie entre ses murs. Thierry le savait que je reviendrai en Grèce. Espérant me voir différente, plus forte et plus ferme envers les autres. J’aurai beau répéter que même les enfers ne me changeront pas … Sadismus n’en fera pas exception.
Mes clefs entre mes doigts, chacune des petits bout de fer vient s’entrechoqués. Leur bruit est déjà plus agréable que les portes des cellules. Une petite mélodie sonne doucement. C’est apaisant, comme le souffle du vent … Le détenus se tient toujours devant moi. J’en oublie presque mon envie d’aller me réfugier dans ma chambre. Etre avec un homme pour colocataire ne me plait gère. Si je pouvais changer, je le ferais sans hésitation. L’hésitation … Sourire …


« Voulez-vous faire le tour de la prison en ma compagnie ? »

Je n’avais pas tout visité, du moins, pas l’aile des prisonniers. Cela ne tenait qu’à mon interlocuteur, ma foi, très silencieux.


[>< Désolé pour ce rp merdique et court ... ]


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MessageSujet: Re: Porte close   Porte close Icon_minitimeMar 17 Juin - 12:02

Le pourquoi est un mystère à lui seul. C'était également la question préférée de Sarah. Pourquoi le soleil, pourquoi la pluie, pourquoi le sommeil et l'ennui, pourquoi. Et moi à l'époque, j'imaginais pour elle les réponses à des questions que je ne m'était jamais posé. Je lui répondait par des histoires, des dessins, la forme des nuages dans le ciel, et celle des ombres sur le sol. Nous étions heureux tous les deux, dans se monde à part où personne ne pouvait venir nous rejoindre.

Je ne comprenait pas vraiment ce besoin de savoir qu'avait ma merveilleuse petite soeur. Je ne le comprends d'ailleurs toujours pas mais je m'efforce parfois à l'imiter pour essayer de sentir ce qu'elle ressentait. Dans le cas présent c'est raté. En même temps Sarah ne serait jamais allé en prison si je n'y avais pas moi-même été. A cause de moi son esprit est enfermé dans la pierre et le fer. Elle me dit que ce n'est pas grave, que nous pouvons nous en échapper quand nous voulons. Elle a raison. Comme toujours.


« Pourquoi quoi? Que voulez-vous dire ? »

J'hausse les épaules, toujours impassible. Elle n'a pas compris. Ce n'est pas grave, ce n'était pas important. Rien n'est important dans ce monde puisqu'il n'existe pas. La chenille n'est une chenille que parce qu'elle croit être une chenille. Elle pourrait aussi bien croire qu'elle est un radiateur, elle serait un radiateur, même si elle reste comme elle est. Je me comprends.
Les yeux saphirs de ma gardienne liliputienne m'interrogent et je ne répond pas. Je ne sais pas expliquer ce que je veux dire. Il n'y a pas de mots pour ça. Ou s'il y en a, ils n'existent pas encore. Je détourne les yeux et les pose sur la lourde porte en métal de ma cellule. Elle est un peu petite mais elle est épaisse. Au travers, les murs peuvent pleurer de douleur sans que personne ne s'en apperçoive.
Je me rend alors compte de ce que je viens de penser. C'est cela. La raison de l'humidité de la prison. Les murs pleurent, ils se demandent pourquoi ils sont emprisonnés. Je pose ma main libre sur la pierre. L'autre suit, et mon uniforme tombe sur le sol. J'avais oublié qu'elles étaient enchaînées. Tant pis.


« Je viens d’Athènes »

Pourquoi cette affirmation ? Ah oui, je lui avait posé la question. Le mot athène fait travailler mon cerveau. Capitale de la grèce, premier berceau de la démocratie, des images de dômes bleus blanc et dorés, symboles de ces images de la grèce que l'on voit dans les agences de voyage. Ces images et ces pensées ne veulent rien dire pour moi mais mon cerveau les décode. Tant mieux pour lui écoutez. Si ça l'amuse.
Un bruit de métal me fait baisser les yeux. D'abrod le haut de la tête de Damara puis des clefs dans ses mains. Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi on faisait des clefs en métal et pas dans un autre matériaux ? Moi si. Je crois que c'est parce que le métal est le seul élément capable de chanter à l'unisson avec un autre comme du bois ou un autre métal. Et comme il est froid, il ne risque pas de brûler la politesse.


« Voulez-vous faire le tour de la prison en ma compagnie ? »

Pourquoi pas. J'hoche la tête. Je n'ai pas spécialement envie de faire tout de suite connaissance avec mes compagnons de chambrée. Je sais que la plupart des gens ne me supportent pas et les disputes peuvent très bien attendre plus tard. J'avance d'un pas. J'ai oublié mon uniforme sur le sol, oublié les menottes à mes poignets, oublié les pierres qui pleurent. Je suis devenu un segment de la chenille et l'antenne a coté de moi va me guider dans les méandres compliqués de l'institution. Que la Reine nous pardonne.
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MessageSujet: Re: Porte close   Porte close Icon_minitimeMer 18 Juin - 6:36

Un prisonnier … Qu’est-ce dans le fond ? Détenu, meurtrier, tueur, violeur, assassin, … « animaux à abattre ». Voilà de bien jolis termes proches pour nous apprendre à savoir tout de suite ce qu’est un prisonnier. Mais est-ce vraiment vrai ? La définition la plus simple que moi-même je connais, enfin non, la définition qu’on a tenté de m’ancrer dans l’esprit était telle que : « C’est une personne en prison, priver de sa liberté parce qu’elle à commit l’irréparable. Le mal est en elle, et jamais, elle ne changera » … Ne changera jamais … Noté qu’Aristote, étant lui-même un grec, insiste sur le désir de savoir, commun aux hommes, mais central chez le philosophe : « Tous les hommes désirent naturellement savoir ». Tous les hommes désirent savoir. Dite-moi donc pourquoi les personnes d’aujourd’hui s’arrêtent assez rapidement dans la compréhension du mot « prisonnier ». De mon plein gré, jamais je n’ai considéré une personne dans une prison comme telle, pour la simple et bonne raison que je ne m’attarde jamais sur leur passé, elle est donc pour moi une ‘’nouvelle âme’’ prête à reprendre le court de sa vie. Elle reste pour moi une personne, un être qui vit … Rien d’autre.

La représentation d’un détenu est assez simple à cause des caricatures. Imaginez, une personne habillée d’un uniforme sombre avec une série de chiffre. Le visage sombre, les mains liées par de lourdes menottes … Fixant les mains de Siriel, j’avais oubliée … Quelle idiote. Je m’approche de lui, mon trousseau de clef dans une main, l’autre posé sur le cadenas qui enferment les mains du jeune homme … Clap, clap… Il est à présent libre de ses mouvements. Au passage, je ramasse son uniforme tombé à ses pieds.


« Si vous pouviez poser ça sur votre lit … Je pourrais vous faire la visite des lieux. »

Je ne tiens pas à entrer dans la cellule. Elle me rappelle un peu trop celle de Grèce. Petite froide et lugubre. Tout ce que je n’aimais pas. Bien que ma chambre ne soit pas vraiment très différente. Je m’y sentais toutefois mieux. D’un part parce que j’ai mes affaires personnelles, et qu’il me semble que l’aile des employés soit un peu plus chaleureuse, cela reste subjectif.

Mon but est de faire la visite tout en essayant d’en apprendre un peu plus sur ce garçon … Plutôt très grand. Je sais déjà une chose, il est anglais. De part sa ville : Londres. Mais aussi à cause de son accent. Je lui adresse un sourire radieux tout en commençant la marche. Ses menottes rangées sur ma ceinture, pareillement pour les clefs qui s’entrechoquent contre ma cuisse. Par son côté calme et silencieux, Siriel me faisait pensé à Anthony … Perdu.


« Avez-vous des passions, Siriel ? »

Tant que nous sommes toujours dans cette allée, je ne peux rien lui montrer. Donc, autant en savoir un peu plus sur sa personne. Une personne … On en a toujours quelque chose à en tirer. De par son histoire ou par sa personnalité. J’en ai appris beaucoup avec mon mentor à mes débuts. Confiante alors que jamais je n’ai voulu bosser dans la police … Mais bon, cela n’est qu’un détail parmi tant d’autres … Comme une personne, elle a des défauts comme des qualités, et tout ça forme ce qu’elle est.


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MessageSujet: Re: Porte close   Porte close Icon_minitimeMer 18 Juin - 18:14

Le saphir vient du mot hébreu "sappir" qui signifie objet de beauté. Il s'agit d'une pierre de la famille des corrindon (comme le rubis en rouge). Sa couleur bleue est parfois effrayante, souvent envoutante, presque indéfinissable, mêlant le gris, le marine et le roi dans autant de nuances. J'ai eu un certain nombre de saphirs dans les mains lorsque j'étais petit mais la couleur des yeux de Damara est impressionnante. J'ai presque l'impression qu'elle fait briller mes bracelets. Est-ce que par hasard, elle verrait en eux la même chose que moi ? Le symbole d'une réalité pliée, déformée et meurtrie pour cadrer avec la réalité imaginaire des hommes ? Probablement pas.

Les clefs luisent dans la semi-obscurité. Je ne me sens pas à l'aise avec ces choses en métal près de moi mais je ne montre rien et ne parle pas plus. Clac, clac. Mes mains sont libres mais mon esprit est toujours en prison. Pourquoi suis-je encore debout ? Il serait si simple de s'allonger pour ne jamais se relever. Dormir a tout jamais dans les bras de ma soeur. Sentir la douce étreinte de... mais a quoi je pense là ? Ca ne me ressemble pas. J'ai l'impression que la beauté du monde m'a déserté. Je me raisonne. Elle reviendra. Je suis juste un peu désorienté par tant de nouveauté.


« Si vous pouviez poser ça sur votre lit … Je pourrais vous faire la visite des lieux. »

Ca ? Je reporte mon attention sur le monde exterieur et remarque qu'elle me tend à nouveau mon uniforme. Ah oui, ca. Le poser sur mon lit qui est... de l'autre coté de la porte 31. Hum. Je déteste rester aussi longtemps dans la réalite. Pourvu qu'on me laisse bientôt retrouver ma soeur. Cela fait à peine quelques minutes que j'ai quitté la zone grise que nous avons en commun et son absence me pèse comme le monde sur les épaules d'Atlas.

Je pousse la porte et ne remarque à peine ce lieu qui sera pourtant ma nouvelle maison. Juste le temps de repérer ce qui sera mon lit (trop petit à tous les coups je dépasse) et de poser le morceau de tissu brun dessus et je fais demi-tour. S'il y avait des gens dans ma cellule, je ne les ai pas vu. Il ne m'intéressent pas ceux qui se sont comme moi mit de côté pour le bien des Sarah du monde.

Et nous repartons. Le bruit de nos pas sur la pierre humide me rappelle sans cesse le piétinement des fourmis. Chenilles, mille pattes, insectes, tous caressons le rêve de devenir un jour les papillons de notre destinée. Il me faudra plus de temps pour comprendre ces lieux que je traverse avec mon guide. De la patience pour apprivoiser les murs, lire les secrets de la lumière, parler avec les mouches et déchiffrer le vol de la lune. Il va me falloir du temps. Ca tombe bien, du temps j'en aurais. C'est la seule chose qu'ils n'ont pas pu me prendre. La seule réalité.

Le temps, le temps, le temps et rien d'autre. Le tien, le mien, celui qu'on veut nôtre.


Ce vers me trotte dans la tête. J'ai oublié le nom de l'auteur mais ses mots n'étaient pas faux. Le temps est la seule chose. Et il n'est à personne. On le prend quand il se donne, on le réserve pour qu'il nous échappe, on le fuit pour le retrouver.


« Avez-vous des passions, Siriel ? »

Je hoche la tête sans répondre avant de m'arrêter net et de réfléchir. Peut-être que... peut-être qu'elle accepterait de combler un de mes besoins fondamentaux ?

"Dessin. Roses. Loups."

J'hésite encore. Je n'aime pas parler. Encore moins de moi. Je n'ai d'ailleurs pas tout dit, je n'ai pas parlé de Sarah. Ma véritable passion. Un amour éternel dont le nom n'a pas passé mes lèvres depuis sa mort. Sauf avec Elle.

J'ouvre la bouche plusieurs fois pour la refermer aussitôt. Je ne sais pas comment formuler ma demande sans parler trop. Le concept est trop complexe pour que quelques syllabes suffisent. Quoique...


"Papier, crayons ?"

C'est l'essentiel non ? Ah, j'ai oublié quelque chose. Je reprends.

"Papier, crayons, s'il vous plait ?"

Avec ca tout est dit. Et tant pis si l'on me prend pour un attardé mental. Les fous font peur. Si on me prend pour l'un d'eux, on me laissera tranquille. Et je ne veux rien d'autre.
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MessageSujet: Re: Porte close   Porte close Icon_minitimeJeu 19 Juin - 14:12

La rose a tellement de significations. Mais pourquoi autant de différence pour une seule fleur ? Tout réside dans la couleur de la fleur. Rouge pour l’amour, jaune pour la fidélité, lavande pour le coup de foudre. Il est dit que la blanche signifie « amour caché ». Alors que l’amour est déjà représenté par le rouge … Une fleur est différente d’une autre. Comme les personnes. La différence de caractère, de physique … Tous les facteurs sont la pour prouver que rien n’est pareil et qu’on peut donner autant de signification qu’on veut aux être qui nous entoure. C’est comme la représentation du papillon sur une anémone que j’ai au creux de l’omoplate. Pour les gens, ça représente un tatouage, rien de plus. Alors que ce « dessin » a toute une histoire.

Le loup … Il a aussi son histoire dans les lignes du passé de la Grèce. Comme le récit d’Apollon, qui naquit de l'union de Zeus et de Latona. Cette femme, pour échapper à la colère de l’épouse de Zeus, se transforma en loup. Ou encore la légende de Licao, le premier loup-garou reconnu. Roi d'Arcadia, il organisa un banquet. Parmi ces invités se cachait Zeus. Il décida alors de le démasquer en tuant son fils, Arcade et de préparer un repas avec sa chair car seul un Dieu est capable de reconnaître le goût de la chair humaine. Licao pouvait alors, selon son plan, reconnaître le Dieu. Tous mangèrent le pauvre Arcade sauf, bien évidemment, Zeus, qui, furieux de ce meurtre injustifié, transforma le roi en loup. Les grecs entretenaient une peur respectueuse envers les loups, la population en avait peur et elle logeait sur les cotes. Par conséquent, les loups pouvaient vivre en paix, sans la crainte d'une hypothétique agression humaine.

Le dessin, il est à lui seul la porte vers l’imagination, la représentation, un tout du monde ou encore des rêves. Il est tellement vaste à lui seul. Pourtant à la base, ça ne reste qu’un bout de papier blanc sur lequel on griffonne soigneusement ou non quelque chose. J’aime beaucoup cet art, grâce à lui, je peux parfaitement représenter un des anciens monuments anciennement étudiés. Chaque trait, chaque ombre a son importance.

Voici donc les passions de Siriel. D’un certain sens, cela ne m’étonne pas qu’il aime ces choses. Elles sont tellement … Calme et apaisante.

Je me retourne vers le jeune homme. Le regardant d’un air perplexe. Pourquoi s’arrête t-il ? Ses lèvres remuent, les mots hésitent et ne sortent finalement pas. Jusqu’au moment où, finalement. Il parvient à formuler ce qui me semble être une demande.


''Papier, crayons, s'il vous plait ?"

Il est tellement … Net et précis. Un petit sourire se dessine sur mes lèvres. Je garde toujours de quoi m’occuper pour passer le temps dans ma chambre, il avait de la chance. En somme, il avait envie de dessiner … Peut-être pas maintenant. Mais comme je le savais pertinemment, il ne risquait pas de pouvoir se fournir quoique ce soit auprès des autres personnes.

« Bien sûr. Venez »

J’en oublie les chemins par lesquels nous passons. Tout ce qui comptait, c’est d’atteindre l’aile des employés. Un endroit interdit d’accès pour les détenus. Mais puisqu’il est avec moi, je passerai outre de cette règle. Je me tourne vers le jeune homme, ces yeux bleu gris ont quelque chose d’étrange et d’intrigant.

« Nous sommes actuellement dans l’aile des employés. Normalement vous ne pouvez en aucun cas y être. Faisons comme si vous n’y avait jamais mi les pieds. D’accord ? »

Je bascule légèrement la tête sur le côté, sourire, encore et toujours. Je suis certaine qu’il m’avait compris. J’espère seulement que mon collègue de chambre n’est pas là. Il risquerait de se demander ce que je fais avec un prisonnier. Mais puisque d’ordinaire, je ne le crois jamais. Son absence est prévue. Je stoppe mon pas devant la chambre 15. Tournant la poignée, un déclique me dit que la porte est ouverte. J’entre rapidement, retirant un bloc de feuille vierge et un crayon d’un tiroir à côté de mon lit.

Refermant la porte derrière moi, avec ce que j’avais pris sous le bras. Je n’attends pas très longtemps pour les présenter au garçon. Je rajoute pour la peine :


« Vous pouvez tout garder. Je pourrai toujours m’en refournir. Si vous manquez de quelque chose. N’hésitez pas à me le faire savoir. »


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MessageSujet: Re: Porte close   Porte close Icon_minitimeJeu 19 Juin - 18:29

Dans ces lieux, il n'est ni rose, ni loup, ni calme. Le papillon pas encore né n'est pas, la chenille n'est déjà plus, rien ne reste comme tel. C'est un monde en chrysalide, en perpétuel changement. Un monde en dehors du monde où seul le temps est présent, et encore, quand il y pense. Pourtant les murs brillent de passion sous leur tristesse. Ici se trouvent tous ceux que la société a blessé, détruit, modifié. C'est le monde dans ce qu'il a de plus passionnel et de plus malade. Je me sens comme une rose dans un bouquet de coquelicot. Trop calme, trop entier, différent. Mais ne me suis-je pas toujours sentit différent au monde humain ? Pourquoi cette déception qui s’empare de mon être. Que croyais-je ? Trouver des gens comme moi ? Ne sais-je pas depuis des années que les vivants ne me sont d’aucune utilité ? Et que si les morts me hantent, ils ne me sont rien non plus ? Et cette gardienne qui essaie de me faire parler. Damara et ses beaux yeux savent-ils qu’ils n’existent pas ?

Mon guide sourit au lieu de se mettre en colère. Ces réactions décalées me surprennent un peu bien que je n'en montre rien. Ils sont la preuve que je vais devoir prendre un certain temps pour m'habituer a cet endroit. Je ne suis pas très bon pour m'adapter aux gens et aux lieux et jamais de ma vie je n'ai foulé le sol d'une prison. Je pensais y retrouver l'hôpital où ma soeur m'a quitté. Je pensais que tout serait blanc, propre et impersonnel. Ici tout est gris, sale et moite. On sent les émotions jusque dans les uniformes. Tant d'émotions, tant de gens, tant de vie dans un lieu de mort. Je crois que je suis perdu. Tant pis. Qu'ils fassent de moi ce qu'ils veulent ça m'est égal. On ne peut plus me détruire.


« Bien sûr. Venez »

Je la suis à nouveau, pas certain d'avoir bien entendu. On quitte les couloirs sales pour en trouver d'autres presque identiques. Je pose ma main sur la pierre. Non, c'est différent. Ici il n'y a pas de pleurs mais beaucoup d'indifférence. Les murs de cet endroit sont morts et ne tiennent plus que par la force de leur inertie. Ils ont trop vu et sont devenus muets, trop entendu et sont devenus sourds. Ils me ressemblent. Froids, immuables, gris.

« Nous sommes actuellement dans l’aile des employés. Normalement vous ne pouvez en aucun cas y être. Faisons comme si vous n’y avait jamais mi les pieds. D’accord ? »

J'acquiesce. Inutile de dire que je ne dirais rien vu ma propension à bavarder n'est ce pas ? Elle sourit. Elle doit savoir qu'elle peut me faire confiance. Curieux non de parler de confiance dans un endroit pareil...
Nous arrivons devant sa propre porte qui n'est pas très différente de la mienne et porte le numéro 15. Rien de philosophique ne me vient en regardant ce nombre, je préfère 31. L’intérieur est spartiate. Un spartiate aisé. Deux lits, une armoire, quelque chose sur le sol, une fenêtre, cicatrice dans le mur laissant suinter la lumière. Le soleil est-il le fluide de toute vie ? Ca doit être pour cela que je ne l’aime pas. J’y réfléchirais, mais plus tard. Je commence à être fatigué par le voyage. 35 heures que je n’ai pas dormi mine de rien.

Damara entre tranquillement. Par politesse, je reste à la porte, bien droit, les yeux rivés sur la blessure du mur, immobile. Impassible. Les bruits que j’entends (raclement du bois sur le métal, déclics, papier que l’on manie) ne réveillent rien en moi. On ne m’a pas dit d’entrer, je ne bouge pas. J’écoute passer le temps. J’attends. Cette fenêtre me prend toute mon attention. J’attends. Ce soleil est beaucoup trop heureux. J’attends. Sarah a trouvé le moyen de me rejoindre. J’attends. Je suis bien.

Mon guide revient peu de temps après. Je n'ai évidemment pas bougé mais je l'entends en bas fermer la porte et me tendre son trésor. Du papier, blanc. Et un crayon. Ma tête s'incline pour remercier. Je coince le crayon dans ma poche et caresse le papier tendrement. Il crisse un peu. Il est un peu fin. Il est du genre à faire glisser le grain du crayon. Il n'est pas parfait en somme ce qui le rend encore plus désirable. Chaque feuille a son caractère. Son propre dessin en elle qui ne demande qu'à être révélé. C'est le plus beau cadeau que j'ai reçu depuis des mois. La première fois depuis mon arrestation que j'obtient ce que je veux. J'en suis...presque content. Presque. Il ne faut pas exagérer quand même.


« Vous pouvez tout garder. Je pourrai toujours m’en refournir. Si vous manquez de quelque chose. N’hésitez pas à me le faire savoir. »

Nouveau hochement de tête distrait. Je ne suis plus là. Le papier, blanc, appelle un dessin. Je le vois se dessiner dans les ombres autour de moi. Sans prévenir, je me détourne, glisse précieusement les feuilles dans mon pantalon (pour ne pas les abîmer en les pliant) et pose la première d'entre elle sur le mur rugueux. Le crayon est apparu dans ma main. Je dessine rapidement comme si ma vie en dépendait.

Des ombres et des traits d’abord au hasard. Puis tout prend forme. C’est le Sadismus que j’ai vu tout à l’heure lorsque j’étais encore dehors. Avec sa porte qui fait deux fois sa taille, ses murs, ses tourelles, ses caméras, sa grisaille et ses pierres qui pleurent. Mais la perspective n’y est pas car la prison est devenu un papillon. Une antenne est Damara. L’autre est ce garde avec lequel elle discutait. Les deux ailes ne se ressemblent pas, l’une sombre et triste, pleine de pluie, de formes et de bruits. Elle reste très sombre avec des dégradés de noirs. L’autre est impassible, bien plus blanche. Elle représente la mort, l’autorité, l’ordre. Elle est l’endroit où je me trouve. Et au milieu ? Et bien le corps du papillon est une chenille, segmentée, poilue, vissée sur le sol par la gravité. Une chenille avec des pattes de fourmis et des rayures d’abeille. La chimère regarde le ciel vide. Aucun dieu là haut. Mais ça ne l’empêchera pas de s’envoler lorsqu’elle le pourra. Quitte à se brûler les ailes dans le soleil. Sarah regarde par-dessus mon épaule. Je crois qu’elle aime mon style. Je lui demande silencieusement si c’était ce qu’il fallait, elle me répond que oui, m’embrasse puis repart.
Je me retourne et tends le papier droit devant moi. Je n’ai même pas regardé si Damara était toujours là. Tant pis. Je verrais bien.
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MessageSujet: Re: Porte close   Porte close Icon_minitimeVen 20 Juin - 7:54

Chaque trait se dessine à une allure à la fois douce et précise. La netteté apparaît, formant des formes régulières à force de chaque passage acharné. Le poignet est relâché sans pour autant connaître l’hésitation … Il dessine comme s’il venait caresser tendrement le corps de sa bien aimée. Le moindre geste est un plaisir pour les yeux de ceux qui savent contempler la beauté d’une chose. Les ombres viennent adoucir les extrémités des traits dans un dégradé partant du foncé vers une couleur plus clair, tout en restant pourtant dans le même teint. Une spirale sombre de désillusion donne enfin la forme de la petite créature si fragile, aux ailes déployées. L’une plus foncé que l’autre, l’abdomen si durement affalé au sol, soutenu par de petites pattes délicatement dessinées en trait fin. Le papillon est là, à contempler le vaste espace du ciel qui n’est pourtant pas totalement représenté sur l’image. Ne sachant pas de quelle couleur est cet insecte si magnifiquement dessiné, je me garde d’imaginer autre chose que du noir et du blanc … Les deux couleurs le plus souvent utilisées. Même si cela serait plus joyeux avec des couleurs, j’aime le contraste et l’atmosphère.

Les papillons … Hélène adorait ses créatures. Gracieuse durant son envole, fragile lorsqu’elle se trouve au sol. Durer de vie limité, elle naît étant ce qu’elle doit être, et se transforme par la suite pour devenir ce qu’elle est maintenant. C’est un peu comme une personne. Un enfant au départ, puis enfermé dans une chrysalide qu’est l’adolescence. Pour enfin en sortir, et être ce que nous sommes à présent.

Hélène aimait tout particulièrement les papillons blanc. Elle en croisait souvent, celui-ci dansait autour d’elle, pour s’envoler ensuite vers le ciel, là où sa liberté ne connaît jamais de limite …

Elle est morte avec lui.

Ma mère et ce papillon ne font plus qu’un sur ma personne. Tout à son histoire, la sienne sera ancrée dans ma peau jusqu’à ce que la mort vienne me chercher à mon tour. Mais même au de-là de ça, son souvenir restera à jamais dans ma mémoire, même perdu dans un néant inconnu. Elle est en moi comme les cellules qui constituent le sang, comme … Le papier et le crayon qui forme un dessin.

Un geste tenant une feuille se forme devant mes yeux. Je ne comprends pas tout de suite qu’il s’agit en Siriel. Je me tiens juste derrière lui, un peu décalé sur la droite. Mes yeux se posent sur le bien. Je dois le prendre ? D’un mouvement hésitant, je saisis doucement la chose. Je pouvais mieux le voir … Ce fameux papillon.


« Vous avez un précieux don Siriel, j’en suis très impressionnée. »

Je le remercie doucement en me disant que peut-être … Je fixe la porte de ma chambre. Puis, je me retourne vers lui.

« Venez … »

Je l’invite à me suivre. La porte s’ouvre de nouveau sous la pression qu’exerce ma main sur la poignée. Lui désignant le lit pour qu’il puisse s’assoire, je m’agenouille sur le sol, tirant une farde à rabat en dessous du lit. Une fois celle-ci ouverte, j’y découvre un bon paquet de feuilles blanches où sont dessiner une multitude de dessin crayonné. J’en cherche un tout particulièrement. Après deux bonnes minutes de recherche, j’extrais le bien trouver d’entre les autres pages. Je m’assois à côté du jeune homme tout en lui présentant la feuille.

Il s’agit d’une représentation du Parthénon situé plus précisément sur l’acropole d’Athènes. Ce monument est l’un des plus connu de Grèce. Dans mes études d’Historienne, j’ai du représenter cet édifice, parler de son histoire, de son architecture … Le Parthénon mesure environs 70 mètre sur 30. Sa texture est faite en marbre blanc. L’aménagement de celui-ci met surtout en valeur la statue de Phidias. Le dessin est en noir et blanc bien évidemment. Quarante-six colonnes imposantes inclinées soutiennent un toit dont les restes sont maigres. Ces gros blocs contiennent de fines lignes qui les traversent de haut en bas. Les colonnes d’angles sont plus épaisses. La voûte a semi inexistante possède une frise extérieure. Qui elle est faite de triglyphes alternant avec des métopes sur lesquelles sont sculptées des scènes traditionnelles. Le Parthénon est d’origine dorique, ce qui explique énormément de choses quant à l’architecture profonde … Elle a son histoire. L’aspect esthétique reste sombre. Les traits sont fins, les ombres jouent merveilleusement leur rôle de contraste avec le reste du dessin.


« Vous connaissez certainement cet édifice. Il a été mon premier dessin réussi … Si vous l’aimez, je vous en fais cadeau. »

Il n’est certes, pas aussi beau que le papillon, mais j’y tenais tout de même. Et rien ne me ferait plus plaisir qu’il l’accepte. Nous aimons tout deux le dessin. Lui pour pourvoir se « libérer » et moi … Pour pouvoir me rappeler de l’histoire de la chose représentée. Je me redresse, adressant un sourire au jeune homme.

« Et si nous commençions la visite des lieux à présent ? »

Une fois sortie de la pièce, je referme la porte derrière nous. Lançant un regard amicale à Siriel. Sadisums me rappelle que je suis un gardien et lui un prisonnier.

Deux papillons pourtant … Semblable … Mais si différent à la fois ...


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MessageSujet: Re: Porte close   Porte close Icon_minitimeSam 21 Juin - 11:48

Tout ce qui n'est pas composé d'ombres et de lumière n'est qu'une illusion. Et puisque la lumière même n'existe pas, alors c'est bien la preuve que tout n'est rien, et inversement. Ma main glisse sur le papier, dessinant mes pensées, mes interrogations, ma façon de voir ce monde, étrange et inconnu, dans lequel on m'a jeté. Je laisse mon poignet agir comme il l'entend, me contentant d'utiliser mes connaissance pour que le rendu soit plus vrai. D'un glissement d'index, j'étale le carbone, tandis que d'un trait précis, je renforce une crète. Entre flou et netteté, dessin et illusion, j'ai l'impression de réduire la barrière entre ce monde et l'autre.

Le dessin prend forme, imparfait et trop précis, essayant tant bien que mal d'illustrer ma pensée. Comme Damara, je le regarde apparaître, le découvre entre un plein et un délier. Je n'imagine pas de couleurs car les couleurs représentent les sentiments, et que cela fait bien longtemps que je ne vis qu'en gris. Mes sens enregistrent mais je ne "sens" pas. Pour moi les couleurs ne sont que des longueurs d'ondes qui font mal aux yeux.

La nostalgie m'entoure soudain, venant je suppose de derrière moi puisque pour une fois je ne pense pas à Sarah. Je me retourne, mon dessin fini et attend patiemment qu'elle le prenne, ou pas, comme elle le désire. Damara met un peu de temps avant de comprendre ce que je veux dire, temps durant lequel je ne bouge pas, respectant ses pensées perdues.
Elle s'en saisit finalement, le regarde un moment puis me complimente d'une voix qui me parait curieuse. Je dois me faire des idées.


« Vous avez un précieux don Siriel, j’en suis très impressionnée. »

Je ne réponds pas. Je n'aime pas les compliments, je n'ai pas de dons et a mes yeux ce dessin pourrait être meilleur. Mon coté maniaque est particulièrement présent lorsque je dessine, je dois bien l'avouer et je ne suis jamais satisfait de moi. Enfin pas de quoi en faire un plat, s'il lui plait, c'est tant mieux parce qu'il est pour elle. Je donne toujours mes dessins. Sauf les portraits de Sarah que je garde sur mon coeur.

« Venez … »

Je ne sais pas où mais puisqu'elle le demande, allons-y. Ma guide ouvre à nouveau la porte de sa chambre, entre en me faisant signe de la suivre et m'indique son lit. Je m'asseoit sans protester, pas tellement curieux mais obéissant, comme toujours. Elle se met à quatre pattes devant moi, tire quelque chose de sous le lit, en prend des feuilles qu'elle se met à regarder rapidement. J'attends. Si attendre est la seule chose qu'on me demande ici, je vais peut-être finir par m'y plaire.

« Vous connaissez certainement cet édifice. Il a été mon premier dessin réussi … Si vous l’aimez, je vous en fais cadeau. »

Elle se relève, une feuille à la main, prend place à coté de moi et me tend son dessin. Je reconnais le monument, il est célèbre et souvent en photo. Mais je ne saurais dire duquel il s'agit. Je reconnais le style, les colonnes, les gravures... tout cela est plutôt du ressort de mes parents, professeurs d'histoire de l'art à l'université. Moi c'est plutôt les livres mon rayon d'expertise. En fait non, je n'ai pas de rayon d'expertise, je me contente en général de faire ce qu'on me dit.

Or là je ne sais pas du tout ce que je dois faire. Pas de mode d'emplois, pas d'instructions. Alors je regarde le dessin, je note les imperfections, le lignes de fuites, le nombre d'or, baguette magique de tout dessinateur, se tord dans ma tête pour retrouver les proportions. Ce dessin est très bon. Excellent même devrais-je dire, elle a raison d'en être fière. J'acquiesce tranquillement, prend le dessin et le range précieusement avec les autres feuilles, contre ma peau. Cela dit, j'avance doucement ma main et la pose sur le coeur du guide. Le temps d'un battement, deux pas plus puis je range mes pattes et me lève. Elle semble avoir la même idée.


« Et si nous commençions la visite des lieux à présent ? »

On sort de la piece, elle referme la porte et me lance un regard amical avant de se reprendre. Une pensée lui a visiblement traversé l'esprit mais je ne sais pas laquelle. Je ne suis pas télépathe et heureusement ! Poliement, j'attends qu'elle se reprenne. Je commence à penser qu'il faut que je la guide un peu, afin qu'elle me guide mieux. Cette idée m'aurait fait sourire il y a vingt ans. Maintenant je me contente de la noter.

"Bibliothèque ?"

Car si les livres ne sont pas une de mes passions, j'aime l'ambiance feutrée de ce genre d'endroit ou personne ne parle. Les livres bien rangés, les mots et lespensées enfermées pour ne plus jamais blesser personne, et les illustrations, images d'un autre temps que la mémoire des hommes oubliera certainement un jour.
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MessageSujet: Re: Porte close   Porte close Icon_minitimeDim 22 Juin - 8:37

Commencer par un lieu culte qu’est la bibliothèque. Excellente idée. Un endroit où ne règne que le silence des ouvrages écrits qui pourtant en appelle à la bonté des hommes pour être ouvert, libérant ainsi leur cri qu’il soit amour, haine, passion, rancoeurs, mélancolie, joie, vie, mort, … Un livre est toute une histoire, des pensées, un avis. Il peut être tout à la fois. C’est ce qui le rend aussi unique dans son genre. Maître dans différentes disciplines. Aussi bien philosophique que psychologique. Retraçant les rêves d’enfants, des contes de fées jusqu’au légende.

« Très bien. »

Mais les livres racontent aussi la vie d’une personne. Une biographie en somme. Je puisse mes sources dans les livres en rapport avec mon pays. Quoi de plus naturel, bien que mon attirance envers les autres ouvrages ne soit pas à omettre.

Nous traversons calmement le couloir pour quitter l’aile des employés. Les murs … Sadismus aussi a son histoire. Je me demande si c’est possible de se dénicher un livre à son sujet. Je connais l’histoire propre du lieu, mais pas celle de sa construite. Nett, la cadette de Böse. Deux femmes totalement différentes par leur caractère, opposée mais pourtant semblable dans le sang. La plus jeune fut abusée par son père. Qui lui a d’ailleurs été le premier condamné à mort en ces lieux. Böse est le centre de tout ça, rachetant l’endroit Sadismus, anciennement camps de la mort. Une prison qui recueillait les prisonniers, plus dangereux les uns que les autres. Une tanière à loups, où seule la femme de caractère Böse avait tout pouvoir, adouci toutefois par Nett … la vie fût plus agréable. Mais toute cette histoire ne me dit pas en quoi est fait Sadismus.

Ma main vient caresser du bout des doigts la pierre rude. Du marbre ? Si nous prenons la Porta Negra comme référence, sa structure de marbre et de pierre dure lui donne actuellement sa couleur sombre. Au départ, pourtant blanche, à cause du CO2 et de toutes les impuretés, elle a perdu cette couleur « beige ». Les prisons ont toujours été construites avec des matériaux très durs. L’air de rien, le mur doit avoir une fameuse épaisseur. Mais même avec tout cela, je ne parviens pas à savoir quel sort de pierre on a utilisé … D’où venait-elle ? De l’Allemagne même ou bien d’un autre pays ? Pourquoi avoir choisi ça ? Des questions qui ne resteront pas longtemps en suspend.

Une fois l’aile des employés quittée, il nous fallait rejoindre l’aile principale et pour cela, il nous suffit de traverser le hall. Les couloirs sont tous les mêmes par ici … Sauf ceux en dessous de nos pieds : les salles d’isolements et de tortures. Passons. Quelques prisonniers flânent tranquillement sur notre passage. Comme quoi, le fait de porté un uniforme sombre de gardien, suffit à faire reculé quelques personnes ne souhaitant pas s’attiré d’ennuis. Cela me perturbe un peu, je n’ai absolument pas l’habitude qu’on me fuit … Je jette un coup d’œil à Siriel, il ne fait que me suivre sans parler. Histoire de briser la glace, je viens l’interroger.


« Il y a-t-il un type de livre que vous aimez en particulier ? »

J’écoute attentivement sa réponse tout en laissant apparaître un sourire. Il y en avait tellement aussi … Une porte se dessine enfin devant nous. Une entrée plantée dans le mur du couloir encore si long. J’appuis sur la poignée, poussant la porte. Elle a mal, tellement qu’elle laisse échapper un grincement insupportable. Stoppant rapidement mon geste pour éviter de faire encore plus de bruits. Hésitant, je viens la poussée très doucement, limitant le son provoquée par la surface du sol et le bord métallique de la porte. Elle hurle moins …

L’endroit est peu peuplé. A ma plus grande joie de voir qu’il y a encore quelques personnes qui s’intéressent à la littérature. C’est la première fois que je mets les pieds ici. Mon regard balaye les lieux. Beaucoup de rangés de livres classés par genre, sous-genre, Alphabétique. Des tables rangées de l’autre côté de la pièce. C’est une bibliothèque.

Je m’avance vers un rayon à tout hasard, cherchant du regard un livre. Ce fameux livre de 378 pages, biographie, la vie d’Hypatia. Femme philosophe, à l’époque du début du christianisme. Elle s’est battu fortement, et a fini par se faire tuer pour faute de jugement des chrétiens. Je viens saisir l’ouvrage. Ma main caresse la couverture, ouvrant délicatement le livre pour venir feuilleter les pages sans images. Que des écrits …


« Connaissez-vous ce livre ? »

Je fixe la couverture, le visage d’une femme dessiné rapidement. Son charme est profond. Je m’attends à une réponse négative. Ce livre est à la base, une défense intellectuelle au niveau politique, droits et philosophie. Rare sont les gens qui s’intéressent encore à cela. Mes yeux quittent l’ouvrage pour venir se planter dans ceux de Siriel.

Jeune homme qui a son histoire. Ecrit dans son cœur et dans son âme.


Dernière édition par Damara Galanis le Sam 12 Juil - 16:17, édité 1 fois
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Siriel Silver
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MessageSujet: Re: Porte close   Porte close Icon_minitimeDim 22 Juin - 19:34

Car les mots sont des armes mortelles. Les mots font le monde. Ils sont aussi réels que le temps. Quelque soit la langue utilisée, le ton ou l'intention, les mots sont les véritables assassins. Combien de meurtres sur une phrase maladroite, combiens de gens tués par une signature au bas d'un traité ? Combien de guerres, de massacres, de morts a cause de simples mots ? Oui les mots sont dangereux et doivent être enfermés dans des livres, et les livres bien rangés dans des bilbiothèques. Ma guide n'a pas l'air de s'apercevoir que je lui demande plus ou moins la direction de l'armurerie.

« Très bien. »

Un doute joue avec ma conscience. Elle disait que je m'attaquais à ceux qui m'étaient proches lors de mes crises. Elle m'a parlé du médecin de Sarah. Est-ce que je mets Damara en danger en restant avec elle ? Suis-je ce meurtrier qui volait les coeurs ? Je ne sais toujours pas si je suis coupable de ce dont on m'a accusé. Je pense que oui, sinon je ne serais pas là. Pourquoi aurais-je pensé à une armurerie sinon ?

Je n'ai pas lu beaucoup de livres malgré mes études de lettres. La réalité ne m'attire pas assez pour que j'aie le besoin de m'en évader par ce moyen. J'aimais les contes qui faisaient peur à Sarah, les petites comptines enfantines qu'elle chantait parfois, et les livres d'art. Les romans, policiers, littéraires, historiques me tombaient des mains. J'aimais la géographie pour les gravures et les photos, mais méprisait la philosophie que je trouvais trop surfaite. Il n'est nul besoin d'avoir la tête pleine pour bien appréhender le monde. Il suffit de pouvoir contenir le monde dans sa tête.

Je suis Damara qui semble perdue dans ses pensées. Sa main blanche et fine frôle la pierre grise et semble y laisser une trainée invisible. Je parlerais plus tard à la pierre, pour le moment je me contente d'arriver. Mes pieds font déjà connaissance avec le sol pour m'éviter de trébucher dans le futur. La raie de Damara est recouverte par une mèche ce qui en gache la symétrie. Tant pis.

L'ambiance change à nouveau. Nous retrouvons le hall, ce centre nevralgique de la prison. C'est le torax du papillon. Quelque part de l'autre côté du mur se trouve la tête et ses deux antennes qui coordonnent le tout. J'ignore l'histoire de ce lieu mais tout être vivant possède une tête. Or Sadismus est vivant malgré son envie de mort. Cela se sent.

Quelques prisonniers nous croisent et nous regardent. Ils sont dans un uniforme semblable a celui que j'ai laissé sur le lit, ils s'écartent en voyant l'habit sombre de ma guide et dardent sur mes vêtements sales des regards d'envie. Jamais je n'aurais cru qu'une chemise blanche et un pantalon noir puisse être aussi prisés. Ils ne me demandent rien aussi je ne réagis pas. Si l'un d'entre eux m'avait demandé mes habits je les leur aurait donné. Je sais pas expérience qu'on n'ose pas souvent demander ce que l'on désire réellement. Ils ne savent pas a quel point il m'est égal de porter ces frusques ou d'être nu.


« Il y a-t-il un type de livre que vous aimez en particulier ? »

Euh. Curieuse question. J'aime les livres, l'objet. J'aime l'ordre qu'ils représentent. J'aime savoir que les mots sont rangés, mis sous clefs pour ne plus tuer de Sarah. Mais je n'aime pas les livres. Je ne les lit pas. Je ne les lit plus. Mes études sont finies depuis au moins quatre ans. Années que j'ai passées strictement sans livres. Ni magasines. Ni journaux. Elle était mon seul divertissement. La réalité était ma télévision. L'imaginaire faisait ma vie. Mais je ne peux pas le lui dire. Elle ne comprendrait pas. Je me contente donc de secouer doucement la tête et de lui renvoyer la question par un simple regard.

La porte hurle soudain et m'alarme. Qu'a-t-elle vu d'assez horrible pour la mettre dans cet état ? Combien de pleurs ont rouillés ses gonds et gondolé son bois ? Pourquoi ? Comment ? Pauvre porte.
Damara semble comprendre sa douleur et pousse plus doucement. La porte serre les dents et ne dit plus grand chose. Je laisse ma guide regarder les livres entassés et fait demi tour pour voir le panneau de bois. Ma main blanche passe sur les gonds. Ils sont en très mauvais état, le fer est tout mangé par la rouille, le bois s'est fendu et frotte contre la pierre du carelage. Il faudrait de l'huile pour la nourrir, remettre un coup de peinture pour ne pas qu'elle s'écaille, raboter le bas, déhumidifier la pièce et combler la fissure avec de la pate à bois.


« Connaissez-vous ce livre ? »

Je n'ai aucune idée de ce dont elle parle, je n'ai pas regardé. D'ailleurs je ne réponds pas, ou plutôt, je réponds à côté, en me relevant et en montrant la pauvre porte.

"Malade."

Pourtant je n'aime pas plus les portes que les livres. Je ne peux simplement pas fermer les yeux sur une telle négligeance. Notre planète est composé d'êtres vivants que nous tuons pour notre seul confort. Or chaque vie est inestimable. Il ne faut pas négliger les cadeaux que nous fait la nature en nous permettant de prendre la vie d'un arbre. On ne doit rien négliger. Le hasard est notre pire ennemi.
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