Je débarque...

Je suis seul...seul avec moi même et pourtant...Il y a de cela quelques jours j’était avec lui, ce merveilleux jeune homme dans la même tranche d’âge que la mienne avec une année en moins. Il avait été un délice, comme tous les autres, mais pourtant...Hikari avait fini par être comme tous les autres encore une fois...récalcitrant et rebelle...Je ne lui voulais aucun mal, mais j’ai du sévir...le punir pour sa désobéissance et sa rébellion...Quel vilain garçon...Si j’avais su qu’il me ferait cela, je l’aurais tué bien plus tôt...

Cet ange de pureté cachait bien là un être encore plus abjecte que moi oh oui! Cette journée là, je l’avais agressé violemment suite à son refus de venir vers moi. Il avait secoué la tête et hurler qu’il ne voulait plus de moi que j’était malade. Moi malade? C’était lui le fautif, je n’avais rien fait du tout! Je n’étais pas malade, je ne voulais que son affection et son corps tout entier. J’étais un homme comme tous les autres, aussi normal...Je l’avais donc sauvagement violé et torturer lui imposant ma toute puissance, ma suprématie.

- Tu es à moi! Mon bel amour, mon jouet adoré!

Il avait bien entendu essayé de se débattre, mais bien plus fort et bien plus grand que lui, je ne fis que lui rire au visage, oui, son visage remplit de douleur et de souffrance, là ou mille et une gouttelette d’eau déferlaient en un torrent infernal. Jamais je ne le vis aussi vulnérable, mais j’aimais ça! Je me clamai par la suite et le laissa sur place, dans mon appartement. De toute façon, il n’aurait pas pu aller bien loin. Par mon inattention, je me suis condamné moi-même. Ayant trouvé la force de prendre le combiné de téléphone, il avait appelé aux secours juste quelques secondes avant ma sortie de la douche. Furieux, je le fis taire pour de bon, mais le mal était fait, il avait été fait.

C’est pourquoi je suis là seul devant ses immenses portes de fer attendant le jugement, l’annonce de mon entrée en ce lieu effacé et dominateur. Le regard assombri, j’ai relevé la tête vers le ciel pour le regarder. Or, il n’y avait aucun nuage et cela me fit réprimer un soupir. Plus jamais la liberté ne me serait offerte comme avant.

Je pose mes orbes ténébreuses encore une fois sur les plaques grises du métal et aucune émotion ne me vient à l’esprit. Juste le goût amer de l’échec et de l’humiliation. Soit, je me referai une vie ici, dans cet endroit remplit de gens comme moi ayant le pouvoir dans la main, mais aussi dans le cœur et les plus faibles à leurs pieds.

La prison n’est peut-être pas si terrible que cela en fin de compte? Je ne sais pas trop en fait, mais peut-être...J’eus tout d’un coup envie de découvrir ce monde bien malgré moi. De toute façon je vais le faire d’une minute à l’autre, ne reste plus que ce gardien ou je ne sais qui pour venir me rentrer dans ce trou à rats.

Je feuillette distraitement les multiples dossiers des arrivants de cette semaine. À peine 4 ou 5 futurs taulards qui vont débarqué dans les prochains jours. L’un d’entre eux, d’ailleurs, est censé arrivé aujourd’hui. Quel heure? On ne sait pas trop…Avec ces charmants voyages internationaux, pas la peine de calculer. Quelque part, aujourd’hui. Soit. C’est donc pour cette raison que j’attends tranquillement à mon post près des portes, mon café à la main et la paperasse dans l’autre.

Je me décide à jeter un œil à son dossier. Quel est son nom déjà? Ah, oui…Mehiko Gabashi. Blablabla…Japonais…Blablabla…Meurtres, viols…Ah oui, parce que Monsieur se trouve original!? Je ne vois pas pourquoi je prends la peine de lire ces merdes, ils ont tous commis la même chose à quelques subtilités près.

Je finis mon café et envisage d’aller m’en chercher un autre jusqu’au moment où l’on m’interrompt. Un timbre sonore m’interrompt. Le prisonnier est là, m’enfin…Je suppose. Ce n’est certes pas un scout qui veut me vendre un calendrier. Je me lève paresseusement et vais ouvrir les portes. Je m’avance.

Accompagné d’un gardien, me voilà face à un jeune psychopathe comme j’en vois tous les jours. Rien de particulier de ce côté-ci.

Je jette un vague regard à la paperasse qu’est son dossier que je tiens toujours en main…D’une voix monotone, j’articule…

-Gabashi, Mehiko…Matricule 736889?

Le gros connard qui l’accompagne hoche de la tête, affirmatif.

-Bien, ah bah…C’est que la journée aura pas été bien longue, c’est bien…

Car, franchement, à part quelques rondes de couloirs, c’était concrètement mon seul boulot de la journée faire entrer ce merdeux.

Je regarde sans grand intérêt le nouveau spécimen, puis, remet les yeux sur mes dossiers sans réel intérêt non plus.

-Cellule 27…

Mes yeux retournent sur le gamin.

-En route…

Puis, sur le gardien.

-Mais, merde…On va pas y passer la journée! Retournez dans votre putain de casserole roulante au lieu de rester planté là.

Je soupire dédaigneusement. Je suis entouré d’incapables… Je pousse un peu le prisonnier dans le dos pour le faire avancer.

-Tiens-toi tranquille et ça facilitera mon travail.

Je suis tellement fatigué et à bout de nerfs que je n’ai même pas envie de sortir une de mes remarques cinglantes ou de le tabasser un peu…J’veux juste faire mon travail et retourner glander en bon gardien que je suis.